La passation de service entre le commandant du G5 Sahel sortant, le Général de Brigade Oumarou Namata Gazama du Niger et le nouveau rentrant, le Général de Division Oumar Bikimo du Tchad, a eu lieu, le vendredi 30 juillet dernier, au quartier général de la Force Conjointe à Bamako. Cette cérémonie a été l’occasion pour le Commandant sortant de dresser un bilan de la lutte antiterroriste au Sahel du mois d’Août 2019 à nos jours.
Cette cérémonie de passation, regroupant plusieurs personnalités civiles, politiques et militaires ainsi que du corps diplomatique au Mali, a été un moment pour le Commandant sortant, le Général de Brigade Oumarou Namata Gazama du Niger, de revenir sur son expérience au sein de la Force Conjointe.
Pour lui, la Force Conjointe du G5 Sahel, qui vient d’obtenir, en ce mois de juillet, le renouvellement par le Comité Paix et Sécurité de l’Union Africaine de son mandat, engage ainsi sa cinquième année avec déjà « beaucoup d’avancées notoires dans son processus de maturation « . Notamment,dans les domaines des opérations et du partenariat, nonobstant l’évolution souvent difficile de la situation sécuritaire même si, par ailleurs, certains défis importants restent encore à relever.
Multiples opérations de routines
Dans le domaine des opérations, il a rappelé qu’au cours de la période allant du mois d’août 2019 au mois de janvier 2020, dans la zone de responsabilité et d’intérêt de la Force Conjointe G5-Sahel, la situation sécuritaire était restée assez préoccupante au regard du grand nombre et très souvent de la violence des incidents relevés. Une situation exacerbée, selon lui, par endroits, par des conflits à caractère intercommunautaire et, inter- ethnique et le plus souvent, instrumentalisés par les divers groupes armés.
Selon lui, au cours des mandats, des multiples opérations de routine ou d’opportunité, onze opérations majeures, pouvant aller de deux semaines à six mois et pouvant engager entre 300 et 1 500 hommes, ont été réalisées avec des résultats fort honorables capitalisés en termes de dépollution de notre espace commun.
Plusieurs dizaines de personnes interpellées ou capturées
Ainsi, du quatrième trimestre 2019 à ce jour, le Général de Brigade Oumarou Namata Gazama du Niger a expliqué qu’à côté de centaines de terroristes neutralisés, de nombreux matériels ont été saisis ou détruits, occasionnant la désorganisation d’une bonne partie de leur capacité logistique. » Nous pouvons aussi citer à titre d’exemple, particulièrement pour la seule période allant de novembre 2020 à juin 2021, plusieurs dizaines de personnes interpellées ou capturées et qui sont actuellement dans les chaînes de judiciarisation « , a-t-il fait savoir.
Et d’ajouter que » des avancées notables » ont été menées dans le domaine opérationnel, du respect des Droits de l’homme et de la protection des civils. Cela avec la mise en œuvre pratique de la Procédure Opérationnelle Permanente (POP) de la FC-G5S relative aux enquêtes internes et la mise en place du Mécanisme d’Identification, de Suivi et d’Analyse des Dommages causés aux Civils (MISAD).
» La force ne dispose pas de capacité aérienne propre «
Au moment où des avancées certaines sont capitalisées, la Force Conjointe continue à faire face à certains défis. Ainsi, le Commandant sortant de déplorer que » la force d’une part ne dispose pas de capacité aérienne propre et d’autre part les gaps dans son système de renseignement font que dans le cadre de ces deux défis capacitaires et en attendant une éventuelle autonomisation, les besoins opérationnels incompressibles nous ont imposé, en complément des lourds efforts nationaux, de poursuivre la collaboration avec les partenaires opérationnels « . Le Général de Brigade Oumarou Namata Gazama de rappeler que malgré les différents soutiens internationaux annoncés, dont les mises en place effectives sont souvent « fastidieuses « , les Etats du G5 Sahel continuent de consentir à l’interne d’importants sacrifices. » Nous en voulons pour preuve, parmi d’autres, la cotisation exceptionnelle pour le financement des opérations, faite par les trois pays du Centre (Burkina Faso, Mali, Niger) « , a-t-il martelé. Avant de soutenir que sans les contributions de ces pays, la série des opérations SAMA, qui ont permis de capitaliser des résultats notoires, n’aurait peut-être simplement pas pu se faire.
Pour faire face à la situation sécuritaire avec beaucoup plus d’efficacité, il a rappelé » la nécessité de trouver un moyen de pérenniser le système de financement de la Force Conjointe « .
A noter que la force antiterroriste du G5 Sahel n’a toujours pas atteint sa pleine capacité opérationnelle. Cela en raison des pénuries majeures d’équipements, l’insuffisance des infrastructures et le manque de bases opérationnelles sécurisées. Les promesses de contributions annoncées par les donateurs depuis 2018 n’ont toujours pas été honorées.