Trois jours après le coup de force du président tunisien, qui a renvoyé le Premier ministre et a suspendu le Parlement pour 30 jours, Kaïs Saïed s’est adressé à ses concitoyens mercredi 28 juillet dans la soirée, sans toutefois fournir de feuille de route ou le nom d’un nouveau chef du gouvernement.
Il était attendu sur la nomination d’un nouveau chef du gouvernement, mais Kaïs Saïed a préféré botter en touche ce mercredi soir dans son discours. Il a énoncé des mesures qui rappellent fortement son programme électoral de 2019. Kaïs Saïed a dénoncé les 13,5 millions de dinars – soit 4 millions d’euros -, volés par les hommes d’affaires corrompus sous la dictature et leur proposer une forme de réconciliation.
Sont concernées, 460 personnes dont les noms ont été répertoriés dans le rapport d’une commission d’enquête sur la corruption et les violations sous Ben Ali, publiée en 2011. Kaïs Saïed leur propose d’investir dans des projets, hôpitaux ou écoles par exemple, au sein de régions défavorisés. Des projets choisis par ordre de priorité via des comités régionaux populaires.
Soutien de l’UGTT
« Nous ne voulons mettre quiconque en prison mais appliquer le droit du peuple » a-t-il dit. Un texte devrait être publié prochainement pour mettre en vigueur cette décision. Il a également appelé à la baisse des prix des denrées alimentaires, source de souffrance selon ses mots pour de nombreux Tunisiens. Kaïs Saïed s’est entretenu sur ce point dans la journée avec l’UTICA, le syndicat patronal.
Aujourd’hui, même si ses actions sont encore contestées par plusieurs forces politiques, le président peut compter sur l’appui des syndicats dont aussi l’UGTT, la puissante centrale syndicale, qui après l’avoir soutenu, va lui proposer une feuille de route dans les jours à venir.
À l’étranger, les inquiétudes sont toujours présentes sur l’issue de cette crise. Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian a appelé mercredi à la nomination rapide d’un chef du gouvernement en Tunisie tout en rassurant sur le soutien de la France pour faire face à la situation sanitaire dans le pays.