Le 20 juillet, le colonel Assimi Goïta avait été la cible d’une attaque au couteau lors de la prière de l’Aïd el-Adha dans la grande mosquée de Bamako.
L’homme accusé d’avoir tenté le 20 juillet d’assassiner à l’arme blanche le président de transition au Mali, le colonel Assimi Goïta, et qui était depuis aux mains des services de sécurité maliens, est « décédé », a indiqué dimanche soir 25 juillet le gouvernement malien.
« Au cours des investigations (…), son état de santé s’est dégradé. Admis au CHU Gabriel-Touré, puis au CHU du Point G [deux hôpitaux de Bamako], il est malheureusement décédé », a indiqué le gouvernement dans un communiqué lu sur la télévision publique ORTM. « Une autopsie a été immédiatement ordonnée pour déterminer les causes de son décès », selon le communiqué.
L’assaillant, dont l’identité n’a pas été dévoilée, s’était précipité vers l’homme fort du Mali durant la prière de l’Aïd el-Adha dans la grande mosquée de Bamako et avait tenté de lui asséner un coup de couteau au niveau du cou.
Le colonel Goïta, auteur de deux putschs en moins d’un an, dont celui qui a renversé le 18 août 2020 le président Ibrahim Boubacar Keïta, avait reçu immédiatement le soutien de ses gardes du corps qui avaient maîtrisé l’agresseur. Il était sorti indemne de l’attaque.
Un pays très instable depuis 2012
Son agresseur, un homme d’apparence jeune vêtu d’un jeans et d’une chemise blanche, avait été appréhendé et emmené manu militari par la Sécurité d’Etat, les services de renseignement maliens.
Une enquête a été ouverte « pour fait de tentative d’assassinat et d’atteinte à la sûreté de l’Etat », selon les autorités. Les investigations « ont permis de mettre en évidence des indices corroboratifs des infractions susvisées », a souligné dimanche le gouvernement. Le suspect n’a été présenté à aucun moment aux autorités judiciaires, a indiqué dimanche soir à l’AFP une source judiciaire ayant requis l’anonymat.
« Le gouvernement rappelle toutefois que son décès ne fait pas obstacle à la poursuite de l’enquête déjà en cours au niveau du parquet de la commune II [de Bamako], surtout que les premiers indices collectés et les informations recueillies indiquent qu’il ne s’agissait pas d’un élément isolé », a relevé le gouvernement, qui n’avait jusqu’ici privilégié aucune hypothèse.
Le pays est très instable politiquement et en prise à des violences multiformes depuis 2012. « Quand on est leader, il y a toujours des mécontents, il y a des gens qui, à tout moment, peuvent vouloir tenter des choses pour déstabiliser, tenter des actions isolées », avait déclaré quelques heures après son agression le colonel Goïta, en disant aller « très bien ».
Main basse sur le pouvoir par les militaires
La France, par la voix de son ambassade à Bamako, avait condamné « vivement l’agression », un « acte choquant survenu de surcroît un jour particulier de paix et de tolérance ». Paris avait appelé à la « sérénité pour la poursuite de la transition jusqu’à son terme ».
Les violences au Mali, qui ont débuté par des rébellions indépendantiste puis djihadiste dans le nord, se sont ensuite propagées au centre et au sud du pays, se mêlant à des conflits intercommunautaires et à des attaques crapuleuses dans des zones où l’influence de l’Etat est très faible. Le phénomène s’est depuis plusieurs années étendu au Burkina Faso et au Niger voisins, où opèrent également des groupes affiliés à Al-Qaida ou à l’organisation Etat islamique.
Bamako, d’habitude relativement épargnée par rapport au reste du pays, a connu depuis 2015 quelques attentats djihadistes et a été le théâtre de deux coups d’Etat en moins d’un an. Le dernier en date, en mai, a été mené par les mêmes colonels – conduits par le colonel Assimi Goïta – que celui d’août 2020 et a abouti à son investiture comme président de la transition.
Les militaires ont largement fait main basse sur le pouvoir. Mais le colonel Goïta comme le nouveau gouvernement, nommé par les militaires, ont assuré qu’ils tiendraient l’engagement de rendre les commandes aux civils après des élections prévues le 27 février 2022.