Le Ghana semble à première vue, avoir été largement épargné par les attaques djihadistes. Alors, est-ce bien le cas et comment le pays s’y prend-il ? Une analyse.
Alors que le Mali, le Burkina Faso, le Niger et d’autres pays de la sous-région ouest-africaine sont régulièrement la cible d’attaques terroristes, le Ghana semble échapper à ces attaques.
Quand on regarde les chiffres, le risque d’attaques terroristes au Ghana peut être qualifié de presqu’insignifiant.
Ces cinq dernières années, le pays a enregistré deux incidents terroristes au cours desquels, trois personnes ont été blessées.
Une situation sécuritaire satisfaisante donc par rapport à ce qui se passe notamment au Burkina Faso, au Mali, au Niger ou même en Côte d’Ivoire voisine.
Pour Emmanuel Bombande, expert en résolution des conflits et du développement, “Le Ghana n’a pas forcément été épargné par la terreur. Mais, il est vrai qu’il n’y a pas eu d’attaque terroriste de grande ampleur en tant que tel. Précisément parce que la population le reconnaît, le Ghana ne peut pas être complaisant. Le Ghana n’est pas immunisé contre les attaques terroristes. Mais un élément important qui a aidé jusqu’à présent, est l’engagement très actif des citoyens qui s’expriment sur toutes les questions qui peuvent devenir le terrain propice aux activités et aux attaques terroristes.”
Le rôle des médias
Au nombre des voix critiques dans le pays, il y a les médias qui interpellent sans cesse l’Etat sur ses responsabilités.
“Ils jouent un rôle très critique et sont même souvent pris à partie par certains fonctionnaires. Ces médias continuent d’insister sur leur place dans un engagement actif et cela a été utile. Ils ont la capacité d’amener l’Etat à reconnaître que, partout sur le territoire national, nous devons avoir la présence de l’Etat, non pas seulement en terme de présence militaire, mais aussi en terme de bonne gouvernance, en commençant cette bonne gouvernance au plan local”, observe Emmanuel Bombande.
Une armée bien préparée
Autre raison pour laquelle le Ghana est peu confronté aux attaques terroristes, c’est la bonne préparation de son armée, selon Kwesi Anin, analyste en matière de sécurité.
“Les terroristes n’ont pas délibérément évité d’attaquer le Ghana. … Mais le pays dispose d’une armée expérimentée dans le maintien de la paix aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières. Une armée bien entraînée et capable de donner une bonne réplique à toute éventuelle attaque. En outre, les communautés frontalières ont été sensibilisées sur l’importance de la sécurité et les dangers potentiels qui surviendront au cas où elles ne signaleraient pas toute activité suspecte”, estime l’expert Kwesi Anin.
Tolérance réligieuse
Le Ghana coopère également beaucoup dans le domaine du renseignement avec ses voisins francophones : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Togo à travers l’Initiative d’Accra, un mécanisme destiné à renforcer la coopération.
Autre explication, la tolérance religieuse : les mariages mixtes entre chrétiens et musulmans ainsi que la bonne entente entre les chefs religieux de différentes commaunautés, sont autant d’atouts sur lesquels le pays peut s’appuyer, selon plusieurs analystes.