Reportées depuis 2019, les élections locales sénégalaises sont fixées au 31 janvier 2022. Avec un défi de taille pour la majorité présidentielle : gagner la mairie de Dakar, qui lui échappe depuis l’accession au pouvoir de Macky Sall. Retouches au code électoral, choix de têtes de listes charismatiques, alliances… La ville entre en campagne.
Si les élections locales sénégalaises étaient un personnage de cinéma, nul doute qu’elles pourraient s’incarner en George Kaplan. Dans La Mort aux trousses, l’un des grands classiques d’Alfred Hitchcock, ce maître-espion fictif fait office d’arlésienne : toute l’intrigue du film est centrée sur lui, et pourtant il n’apparaît jamais à l’écran.
À l’instar de ce personnage insaisissable, la vie politique sénégalaise est tournée depuis 2019 vers cette échéance politique évanescente, maintes fois reportée, dont on finit par se demander si on l’apercevra avant le générique de fin.
Le 2 avril dernier, un troisième report successif des locales – où sont élus les membres des conseils municipaux et départementaux – était entériné par l’Assemblée nationale. Le scrutin est désormais fixé au 31 janvier 2022, au risque de provoquer un embouteillage problématique puisque des élections législatives doivent en principe se tenir six mois plus tard, et la présidentielle au début de 2024. De là à soupçonner que le renouvellement de l’Assemblée nationale pourrait à son tour être décalé afin d’être couplé à la prochaine présidentielle il n’y a qu’un pas, que plusieurs leaders de l’opposition n’hésitent pas à franchir. Il est vrai que ces atermoiements durables ont de quoi faire naître la suspicion quant aux intentions du camp au pouvoir.