Reconduit pour une année, le Mandat de la MINUSMA, contenu dans la résolution 2584 (2021) du Conseil de sécurité de l’ONU, a été présenté à la presse le 15 juillet dernier à Bamako, face à une cinquantaine de journalistes, femmes et hommes de médias TV, Radio, Presse et associations de bloggeurs.
Afin d’exposer les nouveautés de la Résolution 2584, adoptées le 30 juin dernier à l’unanimité des membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, la MINUSMA a réuni plusieurs de ses spécialistes dans leurs domaines respectifs. Conduits par Joanne ADAMSON, la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général de l’ONU au Mali et cheffe du pilier politique de la Mission, ce collège d’experts a dépeint le rôle et les activités de la Mission de l’ONU au Mali avant de se prêter au jeu des questions réponses.
Les priorités
Déjà inscrite au rang de priorité stratégique dans les résolutions précédentes, la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali (l’Accord), demeure un impératif absolu pour le Conseil de sécurité des Nations Unies. Dans sa Résolution 2584 (2021), le Conseil exhorte les parties maliennes à s’y engager pleinement et enjoint la Mission onusienne à les y aider. « Exercer les activités de bons offices, de renforcement de la confiance, de facilitation du dialogue et de médiation du Représentant spécial du Secrétaire général aux niveaux national et local, en vue d’appuyer un dialogue axé sur la réconciliation et la cohésion sociale avec et entre toutes les parties prenantes, encourager et soutenir la mise en œuvre intégrale de l’Accord, notamment en dirigeant le secrétariat du Comité de suivi de l’Accord, et soutenir la pleine réalisation de la transition politique », ainsi le stipule ledit texte, dans cet extrait de son point 30.
La réalisation de la Transition politique y a été ajoutée au regard des bouleversements majeurs qu’a connu le Mali le 18 août 2020 et dans les mois qui ont suivi. Ainsi, le Conseil prie la MINUSMA d’appuyer les autorités de la transition, notamment dans le cadre de la tenue d’élections présidentielles et législatives libres, transparentes et crédibles au mois de février 2022. Quant à la seconde priorité stratégique du Mandat de la MINUSMA, elle aussi est inchangée. Il s’agit de l’appui aux autorités nationales, dans le cadre de la définition et de la mise en œuvre d’une stratégie de stabilisation du Centre du Mali.
De ce que fait la MINUSMA au Mali
« Aujourd’hui nous allons tenter, dans la première partie, à travers nos collègues experts des Droits de l’Homme, du DDR ou encore de la médiation, de vous intéresser concrètement à notre travail. Dans la deuxième partie, nous entendrons Joanne ADAMSON qui ensuite, répondra à vos questions. Nous souhaitons cette session vivante interactive pour vous, avec un maximum d’informations vérifiées », a déclaré Olivier SALGADO, porte-parole de la Mission onusienne au Mali dans ces propos liminaires. Cette rencontre, dont l’initiative émane du Chef de la MINUSMA, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Mali, El-Ghassim WANE, se voulait interactive et directe. Chaque intervention était précédée par un diaporama de photos relatives à l’activité de la section concernée. Les journalistes étaient invités à indiquer ce qu’elles leur évoquaient, avant que le/la spécialiste de la question ne développe le sujet. Les rôles de la Police des Nations Unies (UNPOL/MINUSMA), de la Force, des divisions des Affaires politiques, des Droits de l’Homme et de la Protection, des Affaires civiles, des Affaires électorales, de la Stabilisation et du Relèvement, de l’unité de la Médiation, ou encore de la division de l’appui à la Mission ont tous fait l’objet d’une description succincte mais précise. Expliqués, les mandats de chaque section substantive de la MINUSMA étaient illustrés par des chiffres.
Ainsi, l’on a appris que de 2013 à nos jours, près de 700 projets à impact rapide ont été menés au bénéfice des populations, pour un financement total de près de 118 millions de dollars américains. L’assistance a pu comprendre le rôle de bons offices de l’unité médiation, qui par ailleurs assure le secrétariat du Comité de suivi de l’Accord. À cet égard, l’unité a organisé la tenue de sa première session délocalisée à Kidal. Une activité qui a nécessité le transport de plus de 70 personnes mobilisant quatre hélicoptères et plusieurs avions. Les journalistes ont également pu avoir un aperçu du travail d’UNPOL, dont la présence sur le terrain s’évalue à 30 patrouilles (de courtes, moyennes et longues portées) par jour dans une trentaine de localités du Nord et du Centre du Mali, soit un total de 900 patrouilles par mois pour un effectif autorisé de près de 1900 policiers. Il en est de même pour la Force et ces opérations conjointes avec les FAMa ou encore de la Section de la Réforme du Secteur de la Sécurité et du Désarmement, de la Démobilisation et de la Réinsertion/Réintégration (RSS/DDR). Représentée par son Directeur, Samba TALL qui, après avoir brièvement expliqué dans quelles mesures l’Accord relève d’un processus, a annoncé : « nous avons fait le DDR de 2300 combattants et 1500 d’entre eux ont été intégrés dans les FDSM ». De nombreux chiffres ont été annoncés afin de mieux permettre à l’auditoire de percevoir les efforts de l’ONU au Mali. « Depuis 2013, la MINUSMA a toujours eu un mandat électoral », a expliqué Mahamadou YAHAYA de la Division des Affaires électorales, avant de poursuivre en chiffres sa présentation. « Nous appuyons le gouvernement et les organes chargés de l’organisation des élections mais aussi les partis politiques ; la société civile ; l’administration locale… Nous apportons un appui logistique et technique en formant et en mettant à disposition du personnel pour aider à la tenue des élections. Depuis 2013 nous avons transporté 9500 personnels électoraux, plus de 650 tonnes de matériel électoral et construit des entrepôts pour les conserver. Nous avons organisé une centaine d’atelier et de sessions de formations au bénéfice de plus de 8000 personnes », a-t-il détaillé.
Une interaction directe pour briser des idées reçues
« Ce n’est pas à la MINUSMA de mettre en œuvre l’Accord, a déclaré Joanne ADAMSON, notre rôle est d’appuyer sa mise en œuvre qui est la responsabilité des parties signataires, y compris le gouvernement », a clarifié la Cheffe du Pilier politique de la Mission des Nations Unies au Mali. Clarifier son rôle et celui de ses partenaires tel était l’objectif de la Mission à travers cet exercice de communication, comme l’explique le porte-parole : « le conseil de sécurité demande à la MINUSMA de communiquer afin de mieux faire comprendre son rôle et celui des autorités maliennes ». Un sens dans lequel M. TALL a poursuivi, lors des questions réponses, en précisant que le rôle de l’ONU dans la lutte contre le terrorisme est de lutter contre l’extrémisme violent par la sensibilisation ou encore de former les forces de défense et de sécurité. « L’ONU ne fait pas d’anti-terrorisme aucune de ses missions dans le monde ne le fait », a-t-il martelé, tout en soulignant les conditions dans lesquelles l’emploi de la force par les Casques bleus est autorisé. « Lorsque nous avons été attaqués à Aguelhok, nous avons perdu 10 Casques bleus et riposté afin de protéger les civils et neutralisé plus de 40 assaillants », a-t-il rappelé à titre d’exemple.
Autre préjugé battu en brèche, le coût de la Mission des Nations Unies pour le contribuable malien. D’un montant d’un milliard de dollars par an, « le budget de la MINUSMA est supporté par un effort conséquent de la Communauté internationale, en solidarité avec le Mali. C’est une chance pour le pays », a rappelé Olivier SALGADO. Le porte-parole de la MINUSMA a également rappelé à ses confrères journalistes leur importante responsabilité, ainsi que celle du bureau de la communication et de l’information de la Mission, mettre à leur disposition la bonne information. Faisant écho à ce propos, Mme ADAMSON a invité les femmes et hommes de médias à « bien connaitre notre Mandat ! Les Nations Unies créent des espaces pour que les Malien(ne)s se retrouvent », a-t-elle conclu.