Le président nigérien Mohamed Bazoum est à Alger. Il a quitté Niamey lundi après-midi, à la tête d’une importanre délégation, composée de cinq ministres, dont celui des Affaires étrangères et celui de la Défense. Mohamed Bazoum doit s’entretenir plusieurs fois avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, sur « les relations bilatérales entre les deux pays ». Dans un contexte de changement en profondeur de la lutte contre le terrorisme islamiste au Sahel, ce déplacement revêt une teinte diplomatique particulière.
Alors que Niamey s’apprête a accueillir la base de Takuba, la nouvelle task force internationnale chargée de prendre le relais de Barkhane face aux jihadistes sahéliens, le déplacement algérien de Mohamed Bazoum est très attendu sur le plan sécuritaire.
Lors du dernier sommet du G5 Sahel vendredi 9 juillet, Mohamed Bazoum s’est montré très proche des positions de la France sur le sujet, tandis que cette dernière ne cache pas son désir de voir l’Algérie s’impliquer à nouveau dans la région.
Depuis 2015 et la signature des accords d’Alger pour tenter de résoudre le conflit Malien, le président Abdelmajdid Tebboune a toujours refusé d’intervenir militairement au Sahel. Mais il a récemment affirmé que son pays ne laisserait jamais la frontière sud de son pays devenir un « sanctuaire pour les jihadistes ».
Coopération entre l’Algérie, et le G5 Sahel
La semaine dernière, le remaniement du gouvernement a vu le retour aux Affaires étrangères de Ramtane Lamamra, un vétéran de la diplomatie multilatérale algérienne, très impliqué en Afrique. La reprise en main du dossier sahélien par celui qui occupait déjà ce poste en 2015 lors de la crise au Mali pourrait ouvrir la porte à une plus grande coopération entre l’Algérie, et le G5 Sahel.
Mohamed Bazoum qui vient de marquer ses cent premiers jours à la tête du Niger est accompagné de plusieurs ministres, notamment ceux de la Défense et des Affaires étrangères. Une visite à dominante sécuritaire dans un contexte de changement. Évolution du dispositif militaire au Sahel avec la réduction annoncée de l’engagement français et nomination à Alger d’un nouveau chef de la diplomatie Ramtane Lamamra.
Enjeux multiples
Pour Seidik Abba, journaliste et analyste, la visite est importante pour l’Algérie, qui tend à prendre du poids dans la sous-région.
« On ne peut pas envisager la sécurité au Sahel sans parler avec l’Algérie et les Algériens, estime Seidik Abba journaliste et analyste. On voit que l’Algérie maintenant prend en main les dossiers sous-régionaux, que ce soit le Mali, que ce soit la Libye. Pour la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie, une intervention extérieure n’est pas exclue. Ils ont modifié la Constitution pour dire que si deux tiers du Parlement votent une intervention, il est possible que l’Algérie réfléchisse à une intervention extérieure.»
Mais Selon Seidik Abba, la visite du président nigérien s’inscrit également dans un cadre d’échanges bilatéraux.
« Le président Bazoum a dit à plusieurs reprises que les pays du Sahel, particulièrement le Niger, ont besoin d’une aviation de combat, d’une aviation légère. Je pense qu’il va solliciter l’Algérie sur le plan de l’équipement. Puis, il va sans doute aussi demander que des experts algériens continuent à former des Nigériens dans la lutte contre le terrorisme ».