Mary Lawlor, qui ne s’exprime pas au nom des Nations unies, dénonce notamment « des traitements cruels, inhumains et dégradants » à l’encontre de militants et journalistes.
Le Maroc doit cesser de viser les militants et les journalistes qui défendent les questions de droits humains sur le dossier du Sahara occidental, a déclaré, jeudi 1er juillet, une experte indépendante mandatée par l’ONU.
En réponse, l’ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies à Genève, Omar Zniber, a exprimé, dans une lettre, sa « grande surprise et stupéfaction » face à la communication de Mary Lawlor, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des défenseurs des droits humains. Il l’a ainsi appelée, « au titre de l’impartialité », à publier les éléments transmis « démentant de façon catégorique les allégations » citées dans le communiqué.
Mme Lawlor, qui ne s’exprime pas au nom de l’organisation, a rappelé les cas des militants Naâma Asfari et Khatri Dadda, détenus respectivement depuis 2010 et 2019 et qui purgent des peines de trente et vingt ans de prison. « Non seulement les défenseurs des droits humains […] au Maroc et au Sahara occidental continuent d’être injustement emprisonnés et criminalisés pour leurs activités légitimes, mais ils sont également condamnés à des peines de prison disproportionnées et, pendant leur incarcération, ils sont soumis à des traitements cruels, inhumains et dégradants, ainsi qu’à la torture », a affirmé Mme Lawlor.
Elle a fait état d’informations selon lesquelles des défenseurs des droits humains travaillant sur ces questions au Sahara occidental ont été soumis à « des actes d’intimidation, de harcèlement, de menaces de mort, de criminalisation, de peines de prison, d’agressions physiques et sexuelles, de menaces de viol et de surveillance ». Pour sa part, M. Zniber a rappelé qu’une partie des personnes concernées « ont été condamnées par la justice marocaine pour des crimes graves, y compris l’assassinat de représentants des forces de l’ordre ».
Accrochages armés
Jeudi, l’experte mandatée par l’ONU a aussi évoqué le cas de Sultana Khaya et de sa famille, victimes d’« agressions » par des policiers, mi-mai à Laâyoune, la principale ville du Sahara occidental. D’après le texte, Sultana et Luara Khaya sont membres de l’Instance sahraouie contre l’occupation marocaine (Isacom), une organisation fondée en 2020 pour défendre le droit à l’autodétermination de la population sahraouie et qui œuvre pour la libération des prisonniers.
L’appel de Mme Lawlor est soutenu par Clément Nyaletsossi Voule, rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association, Morris Tidball-Binz, rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, ainsi que les membres du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles.
Ancienne colonie espagnole, le vaste territoire désertique du Sahara occidental est majoritairement contrôlé par le Maroc, qui propose un statut d’autonomie sous sa souveraineté. Mais les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie, continuent de réclamer un référendum d’autodétermination initialement prévu par l’ONU, qui maintient une mission dans le territoire. Un cessez-le-feu conclu en 1991 a été mis à mal l’an dernier lors d’accrochages armés. Les efforts de médiation des Nations unies sont durablement dans l’impasse.