Après avoir suspendu sa coopération bilatérale, la France a décidé la reprise des « opérations militaires conjointes » avec les forces armées maliennes.
La France va reprendre ses opérations conjointes avec les forces armées maliennes, après avoir suspendu sa coopération bilatérale à la suite d’un second coup d’État dans le pays en mai, a annoncé le ministère des Armées, ce vendredi 2 juillet dans la soirée. Plus de 5 000 militaires sont déployés au Sahel. « À l’issue de consultations avec les autorités maliennes de transition et les pays de la région, la France prend acte des engagements des autorités maliennes de transition » endossés par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Paris a également décidé la reprise des missions nationales de conseil, qui étaient suspendues depuis le 3 juin dernier, annonce le communiqué.
Un deuxième putsch en neuf mois a fait du colonel Assimi Goïta le chef de cet État crucial pour la stabilité au Sahel. La France avait alors déclaré, il y a un mois, suspendre les opérations conjointes avec les forces maliennes, avec lesquelles elle coopère depuis des années contre les jihadistes. Un groupe de colonels avait poussé à la démission, en août 2020, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta. Les putschistes s’étaient ensuite engagés sous la pression internationale à une période de transition limitée à 18 mois et conduite par des civils.
Le colonel Goïta, président de la transition
Mais le 24 mai dernier, le colonel Goïta, resté le véritable homme fort de la transition, avait foulé aux pieds cet engagement en faisant arrêter le président et le Premier ministre. Il s’est depuis fait proclamer président de la transition par la Cour constitutionnelle. « La France reste pleinement engagée, avec ses alliés européens et américains, aux côtés des pays sahéliens et des missions internationales », pour combattre les groupes jihadistes qui sévissent au Sahel, a fait savoir le ministère des Armées dans son communiqué.
Le président Emmanuel Macron a récemment annoncé un prochain désengagement progressif de la France du Sahel. La force antijihadiste française Barkhane va disparaître au profit d’un dispositif resserré, focalisé sur la lutte antiterroriste et l’accompagnement au combat des armées locales. Pour autant, « cette transformation ne signifie pas le départ du Sahel, ni que nous allons ralentir nos opérations de contre-terrorisme » dans la région, a souligné la ministre française des Armées. Selon Florence Parly, « nous avons collectivement, (nous) Européens, une responsabilité de sécuriser le flanc sud de l’Europe ». « Il est essentiel de ne pas permettre que le Sahel et plus largement l’Afrique deviennent une zone refuge et d’expansion pour ces groupe terroristes affiliés à Daech et Al Qaïda », a-t-elle estimé.
Pour réduire la voilure au Sahel, la France compte beaucoup sur la montée en puissance du groupement de forces spéciales européennes Takuba, créé à l’initiative de Paris pour accompagner les unités maliennes au combat. « Aujourd’hui, nous ne voyons pas d’inflexions, de réticences ou de remise en cause liées à la situation » politique au Mali, a assuré Florence Parly, estimant « d’autant plus important que nous consolidions Takuba que nous lui voyions un rôle majeur dans les prochaines années ». Takuba rassemble aujourd’hui au Mali 600 hommes : la moitié sont des Français, les autres des Estoniens, des Tchèques, des Suédois et des Italiens. La Roumanie s’est également engagée à y participer.