Le procès d’Edgar Alain Mebe Ngo’o et de ses co-accusés devant le tribunal criminel spécial est l’occasion pour l’ancien ministre de la Défense de s’exprimer publiquement sur les nombreuses accusations portées à son encontre.
L’homme à la barre dégage une certaine aisance. Il décline poliment l’invitation du juge à plaider assis, et n’hésite pas à s’engager dans de longues envolées lyriques qu’il n’interrompt que pour consulter ses avocats ou regarder les notes qu’il tient fermement entre ses mains. Ce 24 juin dans la salle d’audience du Tribunal criminel spécial (TCS) de Yaoundé, Edgar Alain Mebe Ngo’o apparaît dans un de ses habituels costumes sur mesure, qui en ferait presque oublier son statut de prisonnier, tout comme la tourmente mediatico-judiciaire dans laquelle il est empêtré depuis bientôt quatre ans.
Face aux juges, l’ancien ministre de la Défense cherche à décrédibiliser la longue liste de documents présentés par le procureur général pour soutenir l’inculpation retenue contre lui et ses quatre co-accusés. On y retrouve pêle-mêle un rapport de l’Agence nationale d’investigations financières (Anif), des bons de commandes passés par le ministère de la Défense du temps où il en était le patron, des factures, des lettres… Autant d’éléments censés prouver sa culpabilité dans les affaires de détournement et de blanchiment de plus de 20 milliards de F CFA (près de 30,5 millions d’euros), de non-respect du code des marchés publics ayant fait perdre près de 196,8 milliards de F CFA à l’État ou encore de prise illégale d’intérêts.