Le chef de la junte militaire qui a pris le pouvoir au Tchad au lendemain de la mort du président Idriss Déby Itno en avril n’exclut pas une prolongation de la “transition” de 18 mois avant des élections promises, dans une interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique.
Un Conseil militaire de transition (CMT) de 15 généraux présidé par l’un des fils du défunt, Mahamat Idriss Déby, général de 37 ans, a pris le pouvoir le 20 avril en annonçant la mort du chef de l’État, au pouvoir depuis 30 ans et tué au front contre des rebelles.
La junte s’est engagée le même jour à organiser des “élections libres et démocratiques” à l’issue d’une “transition” de 18 mois, renouvelable une fois.
Mais la communauté internationale, Union africaine (UA) en tête, ont exigé que cette période n’excède pas 18 mois.
“Le CMT que je préside n’a pas vocation à confisquer le pouvoir”, déclare Mahamat Idriss Déby à Jeune Afrique dans une interview réalisée les 11 et 12 juin et rendue publique dimanche par l’hebdomadaire.
“Soyons clairs: nous sommes partis pour 18 mois, et notre souhait est de ne pas aller au-delà, mais il y a deux conditions pour que ce délai soit respecté”, a tempéré Mahamat Déby, autoproclamé président de la République.
Et de détailler: “la première est que nous, Tchadiens, soyons capables de nous entendre pour avancer au rythme prévu. La seconde est que nos partenaires nous aident à financer le dialogue et les élections, car il est évident que le Trésor tchadien ne pourra pas supporter seul un tel coût. Si on s’entend et si l’on nous aide, les 18 mois sont à notre portée. Dans le cas contraire, ce sera très difficile”.
L’UA avait également demandé à Mahamat Déby et aux membres du CMT de “respecter l’engagement” qu’ils ont pris de ne pas se présenter aux élections présidentielle et législatives après la transition.
“Les membres du CMT ne se présenteront donc pas à l’élection (…) c’est un engagement qui a été pris devant le peuple”, a assuré le chef de la junte à Jeune Afrique, non sans laisser immédiatement planer un léger doute: “Cela dit, en tant que croyant, je pense qu’il faut laisser à Dieu la part qui lui revient. Dieu décide de tout, du destin comme du pouvoir”.
“Jamais je n’aurais imaginé être un jour chef de l’État”, assure-t-il.
Le 20 avril, le CMT avait dissous le Parlement et le gouvernement et abrogé la Constitution du Tchad. Sous la pression internationale, la junte avait finalement nommé un “gouvernement de transition” de civils le 2 mai, dirigé par Albert Pahimi Padacké, le dernier Premier ministre de feu Idriss Déby.
Le CMT avait également promis de “nommer” les membres d’un Conseil national de transition (CNT) qui devra faire office d’organe législatif durant la transition, désignation qui se fait encore attendre.