Fatiha Briki a été arrêtée et son domicile perquisitionné jeudi 17 juin, sans que soit connu le motif de son arrestation.
Une figure de la lutte pour les droits humains en Algérie, Fatiha Briki, est en détention depuis jeudi 17 juin à Alger, sans que soit connu le motif de son arrestation, ont indiqué sa famille et le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
Mme Briki, une universitaire à la retraite réputée pour son engagement en faveur de la défense des droits humains et contre la torture, a été arrêtée et son domicile perquisitionné jeudi dernier, selon le CNLD, une association de soutien aux détenus d’opinion dont elle fait partie. La garde à vue de Mme Briki a été prolongée. Mais les faits qui lui sont reprochés n’ont pas été divulgués.
« Fatiha Briki est membre du CNLD, du Comité contre la torture. C’est une grande dame. Je pense que c’est son travail en faveur des détenus qui est la cause de son arrestation », a déclaré à l’AFP Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH). « Elle est la cheville ouvrière dans la documentation des affaires de violation de droits humains. On lui reproche le délit de solidarité », a ajouté M. Salhi.
La famille de Mme Briki – qui s’est illustrée pendant la guerre d’indépendance (1956-1962) – n’a pu lui rendre visite que dimanche. « Fatiha se porte bien physiquement et moralement. Elle n’a rien à faire en prison ! Fatiha Briki doit être libérée immédiatement ! », a fait savoir la famille dans un communiqué.
Briser le Hirak
La militante participait régulièrement aux marches du mouvement contestataire du Hirak, avant leur interdiction par le ministère de l’intérieur à l’approche des élections législatives. Le régime algérien s’est efforcé ces derniers mois de briser le Hirak, mouvement antisystème inédit né en février 2019, empêchant ses manifestations et multipliant les interpellations et les poursuites judiciaires visant opposants, militants, journalistes et avocats.
« Les arrestations se poursuivent même après les législatives. En fait, le pouvoir veut se venger et en finir avec le Hirak pacifique prodémocratie », a commenté le vice-président de la LADDH, en précisant qu’un militant d’un collectif citoyen, El Hadi Lassouli, avait été interpellé lundi soir.
Jeudi dernier, l’universitaire Abdelali Rezagui, analyste politique connu pour ses interventions dans les médias, notamment sur la chaîne d’information internationale France 24, avait été interpellé par les services de sécurité dans la région d’Alger avant d’être relâché quelques heures plus tard, sans explication.
Au moins 260 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, selon le CNLD. Plus de 80 ONG algériennes et internationales ont récemment interpellé le Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’ONU à propos de « l’escalade répressive » des autorités algériennes et de « la criminalisation incessante des libertés fondamentales ».