C’est un tournant majeur qui s’annonce dans la lutte contre le jihadisme dans le Sahel. Le président français, Emmanuel MACRON, a annoncé ce jeudi 10 juin, une amorce de réduction de l’opération militaire antijihadiste Barkhane au Sahel, notamment au Mali, frappé par un récent coup d’État, lors d’une conférence de presse à l’Élysée en amont du G7. Le calendrier et les modalités de la fin de l’opération Barkhane seront dévoilés fin juin, selon le chef de l’État français.
«Évidemment, la France n’a pas vocation à rester éternellement au Sahel (…). Il est vraisemblable qu’il faille adapter le dispositif Barkhane», avait déclaré un peu plus tôt le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le DRIAN, en déplacement à Abidjan, sans plus de précisions.
L’opération Barkhane et la situation au Sahel étaient au menu d’une réunion du Conseil de Défense en France mercredi, selon plusieurs sources consultées par l’AFP, ayant toutes requis l’anonymat.
Il avait toutefois esquissé une stratégie de sortie, à la faveur de renforts européens prêts à les rejoindre, alors que la France combat massivement les jihadistes au Sahel depuis début 2013.
Ainsi, la «transformation» de l’opération Barkhane au Sahel va passer par la fermeture de bases de l’armée française et par la priorité donnée à la lutte contre les djihadistes par les forces spéciales, a annoncé jeudi Emmanuel MACRON.
«La lutte contre le terrorisme sera faite avec des forces spéciales structurées autour de (l’opération) Takuba avec évidemment une forte composante française (avec encore plusieurs centaines de soldats) et des forces africaines, européennes, internationales, qui aura vocation à faire des interventions strictement de lutte contre le terrorisme » a précisé le président français au cours d’une conférence de presse.
Le président français Emmanuel MACRON a également déploré que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ait reconnu le Colonel Assimi GOÏTA comme président de la Transition au Mali, après un deuxième putsch, y voyant une «mauvaise jurisprudence» pour l’Afrique.
«La décision que la CEDEAO a prise de reconnaître un putschiste militaire six mois après lui avoir refusé ce droit crée une mauvaise jurisprudence pour les Africains eux-mêmes (…), pour la CEDEAO elle-même et par le précédent que cela crée chez beaucoup de voisins. ».
Il faut rappeler que Paris déploie quelque 5 100 soldats contre les jihadistes affiliés au groupe État islamique et à Al-Qaïda, un soutien de taille aux armées affaiblies des États du Sahel qui peinent à les combattre seules.
Mi-février, lors d’un sommet à N’Djamena avec les partenaires du G5 Sahel (Tchad, Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie), le président français avait annoncé que Paris ne comptait pas réduire «dans l’immédiat» les effectifs de Barkhane.