Des interpellations ont eu lieu jeudi soir, à l’avant-veille des élections législatives anticipées. Un scrutin au cours duquel les électeurs algériens sont appelés à élire les 407 députés de la future assemblée populaire nationale. Il est rejeté par le Hirak et par une partie de l’opposition. L’un des enjeux sera d’ailleurs le taux de participation, faible lors de la présidentielle de 2019 et du référendum sur la révision de la Constitution en fin d’année dernière.
Le journaliste Khaled Drareni n’avait plus donné de nouvelles depuis jeudi soir. Tard dans la nuit, ses proches ont affirmé avoir reçu un appel de sa part pour les informer qu’il se trouvait à la caserne Antar. Khaled Drareni a déjà passé près de 11 mois en détention avant d’être libéré en février dernier.
Autre journaliste interpellé jeudi Ihsan el-Kadi, le directeur de Radio M et du site d’information Maghreb émergent. Il était sous contrôle judiciaire depuis un peu plus de 3 semaines, accusé notamment de « diffusion de fausses informations à même de porter atteinte à l’unité nationale », « perturbations des élections » et « réouverture du dossier de la tragédie nationale » des années 1990.
Répression accrue à l’approche des élections
Selon le Comité national pour la libération des détenus, les deux journalistes ont été emmenés à la caserne Antar, un centre de la sécurité intérieure, comme Karim Tabbou, l’opposant et figure du Hirak, ex-détenu, également sous contrôle judiciaire, qui a été interpellé jeudi soir près de chez lui, selon son frère qui a publié un message sur les réseaux sociaux dans la soirée. L’opposant était lui aussi sous contrôle judiciaire depuis fin avril, après une altercation avec le président d’un organisme officiel, le CNDH. Figure du Hirak, il a passé plusieurs mois en détention, entre septembre 2019 et juillet 2020.
Les défenseurs des droits humains dénoncent une répression accrue à l’approche des élections, qui se traduit par des interpellations et des poursuites contre des opposants, hirakistes, avocats et journalistes. Le Comité national pour la libération des détenus recense actuellement plus de 220 personnes incarcérées pour des faits en lien avec le Hirak ou les libertés individuelles.
Le Code pénal algérien vient d’être modifié. La définition de l’acte terroriste ou du sabotage est élargie à tout acte visant la sûreté de l’État, l’unité nationale et la stabilité et le fonctionnement normal des institutions. Il permet aussi la création d’une liste de personnes ou entités terroristes.
Les marches du Hirak interdites
Depuis février 2019, le vendredi est jour de marche pour le Hirak, mais depuis plusieurs semaines, ces rassemblements sont empêchés. En cette veille d’élection, un important dispositif de sécurité est visible actuellement dans le centre-ville d’Alger. Depuis ce matin, d’ailleurs, des véhicules de la police sont stationnés, par exemple, le long de la rue Didouche Mourad.
Les élections qui sont organisées demain sont rejetées par le Hirak, mais ces marches ne se tiennent plus comme avant. La semaine dernière, la police empêchait les rassemblements, notamment ceux des fidèles qui sortaient de la mosquée après la prière.
Mais la semaine dernière, des marches ont toutefois eu lieu dans plusieurs villes de Kabylie où les Hirakistes ont scandé les slogans comme « Pas d’élection avec les gangs ». Lors des deux derniers scrutins le taux de participation avait été quasi-nul dans cette région.