Déjà liée avec le Mali par des accords de coopération militaire, la Russie peut-elle profiter de la situation politique et sécuritaire pour avancer ses pions à Bamako ? Une frange de l’opinion publique malienne l’appelle en tout cas de ses vœux.
Ce mercredi 26 mai, la capitale malienne baigne encore dans les convulsions de la mise « hors de leurs prérogatives » du président de transition Bah N’Daw et de son Premier ministre Moctar Ouane par Assimi Goïta. La Cour constitutionnelle n’a pas encore entériné le coup de force mené par le jeune colonel qui avait déjà conduit le putsch contre IBK le 18 août dernier, pas plus que les chefs d’État ouest-africains n’avaient encore pris acte de la nouvelle donne à Bamako, et de la reprise en main du pouvoir par les membres de l’ancien Comité national pour le salut du peuple (CNSP).
À Niarela, quartier populaire en plein cœur de Bamako sur la rive gauche du fleuve Djoliba, une centaine de personnes manifestent devant l’ambassade de Russie pour demander « une intervention militaire russe au Mali ». Face à un conseiller de l’ambassadeur, qui les reçoit, un manifestant explique les raisons de leur présence : « Depuis longtemps, nous avons demandé l’arrivée des troupes russes au Mali, comme vous l’avez fait dans d’autres pays. C’est le peuple qui demande », assure-t-il. À sa suite, un autre, d’un âge assez avancé, ajoute : « Le Mali et la Russie sont d’anciens partenaires. Nous demandons une coopération militaire, humanitaire. Nous ne remettons pas en cause les autres partenaires. »
Le lendemain, jeudi 27 mai, bis repetita : les manifestants, sur la place Kontoro ni Saané, près de l’ambassade russe, sont à nouveau là pour réclamer une intervention militaire et soutenir le coup de force militaire contre Bah N’Daw et Moctar Ouane. « Appel à la Russie », le mouvement à l’origine de la mobilisation, est inconnu au bataillon. Il s’est trouvé un allié de taille : la plateforme « Yerewolo – Debout sur les remparts », qui a été à l’œuvre dans l’organisation de plusieurs manifestations contre la présence militaire française au Mali. Et le vendredi suivant, à nouveau, une manifestation sur les mêmes mots d’ordre a rassemblé une foule encore plus importante sur le boulevard de l’Indépendance, devant la Bourse du travail…