Désormais débarrassé de son ancien partenaire de coalition, Félix Tshisekedi espère résoudre le casse-tête sécuritaire dans le Nord-Kivu et l’Ituri. Après l’état de siège décrété début mai, pourrait-on s’acheminer vers une réforme des FARDC ?
Le 23 octobre 2020, à l’occasion de son discours à la nation annonçant le lancement des consultations politiques, Félix Tshisekedi avait placé « les questions relatives à la paix et à la sécurité nationale » au sommet de la pile des divergences qu’il avait avec son allié Joseph Kabila.
Six mois plus tard, désormais émancipé de cette contraignante cohabitation avec son prédécesseur, le président cherche à honorer l’une de ses principales promesses : résoudre le casse-tête sécuritaire de l’Est et ramener la paix dans cette région meurtrie, depuis plus de vingt-cinq ans, par des conflits à répétition.
Pour le moment, les chiffres ne plaident pas en sa faveur. Selon le Baromètre sécuritaire du Kivu (BSK), projet conjoint du Groupe d’étude sur le Congo et de Human Rights Watch (HRW), le nombre de civils tués dans cette région est en nette augmentation depuis la fin de 2019. Et plus de 120 groupes armés sont toujours recensés dans l’Est du pays.
Face à la détérioration d’une situation déjà délicate, la colère des populations locales n’a cessé de croître au cours des dernières semaines. Comme en novembre 2019, la Monusco a été la cible de plusieurs manifestations dans des villes de l’Est au cours du mois d’avril. La mission onusienne, dont le repli progressif est déjà engagé et qui doit désormais concentrer ses efforts sur les provinces de l’Est, est accusée de laxisme face aux tueries à répétition. À Beni, des élèves ont aussi effectué un long sit-in devant la mairie pour rappeler au président sa promesse de s’installer dans l’Est.