Figure controversée, ancien ministre devenu le fer de lance de l’opposition aux autorités de la transition après avoir combattu Ibrahim Boubacar Keïta, Choguel Maïga, l’un des leaders du M5-RFP, ne laisse personne indifférent. Portrait d’un trublion devenu l’un des acteurs centraux de la scène politique malienne.
Toujours paré d’un large boubou, son kufi sur la tête, Choguel Kokalla Maïga a le sourire rare, ces derniers mois. S’il apparaît régulièrement sur les estrades, dans les manifestations ou devant les caméras de télévision, c’est toujours avec la mine grave et, dans le regard, une forme de colère rentrée, une sorte de défiance, même. Posture de circonstance ou trait de caractère ? « En public, il est froid, et très méfiant vis-à-vis de ses interlocuteurs, reconnaît l’un de ses proches. C’est une réserve qu’il a sans doute développée au cours de ses années passées en ex-URSS. »
À 19 ans, celui qui est aujourd’hui une figure incontournable de l’opposition malienne avait en effet pris le chemin de la Biélorussie d’abord, puis de Moscou. Dix ans d’une « aventure russe » pour l’étudiant malien, dont il ressortira ingénieur, diplômé de l’Institut des télécommunications de Moscou.
Ce n’est qu’à son retour à Bamako, à la fin des années 1980, que Choguel Maïga devient « docteur » Choguel Maïga, après avoir soutenu sa thèse sur le désenclavement du nord du Mali grâce aux réseaux hertziens et satellitaires. Ses premiers pas dans l’arène politique, Maïga les fera en tant que soutien déclaré à Moussa Traoré – il fonde le Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR) en 1997 –, avant de devenir plusieurs fois ministre, de l’Industrie et du Commerce sous Amadou Toumani Touré (ATT), puis de l’Économie numérique et de la Communication sous IBK.
Face aux autorités de transition
Candidat malheureux à la présidentielle de 2002, et plus récemment à celle de 2018, il est revenu sur le devant de la scène de manière tonitruante, à la faveur des manifestations hostiles à Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). En quelques mois, Maïga s’est fait le chantre infatigable de la contestation, y compris après le coup d’État militaire du 18 août 2020 et la mise en place d’une transition dont il fait une virulente critique en toute occasion.
Face à ses rivaux, Choguel Maïga se veut « sans concession ». Quand Bah N’Daw, le président de la transition, et le colonel Assimi Goïta, son vice-président, décident de procéder à un remaniement ministériel, reconduisant le Premier ministre Moctar Ouane dans ses fonctions et lui donnant la mission de constituer un gouvernement plus « inclusif », Choguel Maïga donne de la voix pour prévenir que cette main tendue des autorités de la transition n’est pas à la hauteur des enjeux et des revendications de la société civile.