Le chef des opérations des paix des Nations Unies, Jean-Pierre Lacroix, a souligné mardi devant le Conseil de sécurité le rôle crucial joué par la Force conjointe du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad) dans la lutte contre les groupes terroristes au Sahel.
La Force conjointe, qui « continue de renforcer ses capacités opérationnelles », demeure « un élément essentiel des réponses sécuritaires pour lutter contre les groupes armés extrémistes dans la région, ainsi que d’autres problèmes transfrontaliers, notamment le trafic de personnes, de marchandises illicites, d’armes et de drogues », a déclaré M. Lacroix devant les membres du Conseil, lors d’une réunion à laquelle participaient aussi le chef de la diplomatie du Tchad, Oumar Ibn Daoud, et le Commandant de la Force conjointe, le général Oumarou Namata.
Le chef des opérations de paix a souligné que la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) continuait de fournir un appui logistique aux sept bataillons opérant sous le commandement de la Force conjointe. « Toutes les demandes de la Force conjointe concernant les lubrifiants essence-huile et l’évacuation des blessés ont jusqu’à présent été honorées. Le soutien opérationnel et logistique réactif de la MINUSMA à la Force conjointe est resté essentiel aux opérations de la Force, en particulier dans le secteur Centre », a-t-il noté.
Selon lui, à l’avenir, le renforcement de la composante police de la Force conjointe constituerait une étape importante non seulement vers l’amélioration de la surveillance des opérations militaires, mais aussi « pour les relier au renforcement de l’État, à l’appui au secteur de la justice et à la réforme pénitentiaire, ainsi qu’aux efforts déployés dans le cadre du respect des droits de l’homme ».
Respect des droits humains
S’agissant du respect des droits humains, Jean-Pierre Lacroix a noté que récemment, la Force conjointe et les autorités du Tchad et du Niger ont démontré leur détermination à enquêter et à poursuivre les graves allégations de violences sexuelles qui auraient été commises par des membres du huitième bataillon tchadien de la Force déployé au Niger à la fin du mois de mars.
« Leurs actions proactives sont louables, car elles témoignent de leur professionnalisme et de leurs responsabilités de commandement, et démontrent les progrès importants accomplis par la Force conjointe dans la mise en œuvre de son cadre de respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire avec l’appui du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) », a-t-il dit.
Il a toutefois souligné que la situation des droits de l’homme au Sahel « se détériore considérablement en raison de l’escalade du conflit et du fait que les violations des droits de l’homme qui auraient été commises par les forces de sécurité dans le cadre de la lutte contre le terrorisme persistent ». A cet égard, il a encouragé tous les partenaires à renforcer leur assistance au HCDH.
Quant au financement de la Force conjointe, il a de nouveau plaidé pour « un financement plus prévisible », rappelant qu’elle « joue un rôle essentiel dans la réponse régionale à l’extrémisme violent ».
Des résultats dans la lutte contre le terrorisme ont été enregistrés
Selon le chef des opérations de paix, depuis le Sommet de Pau en janvier 2020, le renforcement des armées nationales, le déploiement temporaire de 600 soldats français supplémentaires au sein de l’opération Barkhane, le renforcement de la coordination entre les armées nationales, Barkhane, la Force conjointe du G5 Sahel et la MINUSMA, ainsi que le déploiement de la Task Force Takuba ont permis d’enregistrer des résultats dans la lutte contre le terrorisme dans la région.
« Cependant, en dépit de ces progrès encourageants, il reste encore beaucoup à faire. Nous devons être conscients des conséquences désastreuses de la situation sécuritaire pour la population ainsi que les risques pour le reste de la région de l’Afrique de l’Ouest si la situation au Sahel n’est pas traitée de manière adéquate », a-t-il dit.
Selon lui, le renforcement de la Force conjointe n’est qu’un des multiples aspects de l’appui de la communauté internationale et il a noté les appels à une mobilisation accrue pour lutter contre la pauvreté et la crise humanitaire sans précédent que traverse actuellement la région.
Dans cet esprit, il a salué les mécanismes de coordination renforcés que la Coalition pour le Sahel propose de mettre en place, qui permettront à tous les partenaires internationaux de travailler ensemble plus efficacement dans les domaines du développement, de la bonne gouvernance, de l’humanitaire et de la sécurité.