La rupture entre le chef de l’État et son prédécesseur a replacé l’ancienne province du Katanga au cœur des luttes de pouvoir, exacerbant les frustrations et aiguisant les appétits en amont de la prochaine présidentielle.
Entouré par deux lions en pierre, Moïse Tshombé contemple toujours la place de la poste. En plein cœur de Lubumbashi, l’ancien président de ce qui fut l’éphémère État du Katanga au tout début des années 1960 trône, bras levés, face au plus imposant carrefour de la ville.
Un jour de juillet 1960, ce fils de l’un des hommes d’affaires les plus fortunés du Congo belge annonçait la sécession de la province cuprifère du sud du pays, avec le soutien actif de l’ancien colon. L’aventure durera trois ans, mais elle marquera le Katanga pour plusieurs décennies. Soixante années plus tard, que reste-t-il de ce passé si singulier, outre cette statue aux côtés de laquelle une poignée de photographes se proposent d’immortaliser les passants ?
Ces derniers mois, le Katanga – démantelé en quatre provinces distinctes à la faveur d’un redécoupage, en 2015 – a vu resurgir de vieux fantômes. Longtemps au cœur du jeu politique sous la présidence de Joseph Kabila qui, comme son père avant lui, avait confié des postes stratégiques à des ressortissants de la province, l’ancien Shaba (le nom du Katanga entre 1971 et 1997), terre natale de deux présidents de la République, a vécu un début d’année agité.