Jeudi et vendredi, des travaux de restitution sur le projet de réorganisation administrative se sont tenus à Bamako et dans les régions. Les représentants de la société civile, les autorités communales et traditionnelles étaient présentes. Cette réforme très sensible est prévue par l’Accord d’Alger qui a mis un terme, en 2015, au conflit dans le nord du Mali. Vendredi 30 avril, un projet de découpage qui prévoit la création de 19 régions au lieu de 8 actuellement, a circulé sur les réseaux sociaux, provoquant de vives critiques notamment dans le nord du pays.
Selon le document, la région de Tombouctou serait composée de 8 cercles, 32 arrondissements et 51 communes. Pour la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), coalition d’anciens groupes rebelles signataires de l’accord d’Alger, ce découpage ne prend pas en compte les réalités locales.
« Ils ne prennent pas les dynamiques, ni géographiques, ni culturelles, ni économiques. Par exemple, vous allez trouver des petits villages qui sont érigés en cercle. Et puis, on va trouver des grandes villes qui sont toujours des arrondissements. Nous demandons que ce sujet soit traité d’une manière consensuelle et participative », dit Mohamed Elmaouloud Ramadan, porte-parole de la CMA.
« Il y a un code qui régit les collectivités territoriales »
C’est le même son de cloche du côté de la société civile. Ibrahim Boyni, président du collectif Tombouctou réclame ses droits, déplore le manque de concertation et rappelle que les revendications des populations du nord n’ont rien d’arbitraire.
« Il y a un code qui régit les collectivités territoriales au Mali, qui parle très bien des bases sur lesquelles une localité devient une collectivité, le ratio population est l’un des critères les plus en avance. Les localités, aujourd’hui, comme Tonka, Gossi, Rharous, comme Gouna, qui sont en train de revendiquer pour devenir des cercles et d’autres des régions, ont complètement cette latitude de l’avoir », dit-il.
Les autorités veulent rassurer
Du côté des autorités, on se veut rassurant. Le ministère de l’Administration territoriale affirme que ce document date en réalité de 2008 et ne constitue pas sa base de travail.« Il s’agit d’un vieux document, explique une source proche du gouvernement. Rien ne peut être validé sans des discussions préalables au Comité d’orientation stratégique. »
Composé d’une cinquantaine de personnalités issues des partis politiques, de la société civile et du monde universitaire, ce comité a été créé le 31 mars pour appuyer le Premier ministre dans ses réformes.