Plus de 700 personnes ont été arrêtées mardi au Tchad lors de manifestations contre la junte au pouvoir, a annoncé vendredi le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), qui fait état également d’un bilan de six personnes tuées dans la capitale N’Djamena et dans le sud du pays.
« Nous comprenons que plus de 700 personnes ont été arrêtées dans le cadre de ces manifestations », a déclaré la porte-parole du HCDH, Marta Hurtado, lors d’un point de presse à Genève. À l’heure actuelle, les services de la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, ignorent combien d’entre elles sont encore en détention. « Toutes les personnes détenues pour avoir exercé leur droit de réunion pacifique doivent être rapidement libérées », a ajouté Mme Hurtado.
D’une manière générale, le HCDH s’est dit profondément troublé par l’usage apparemment disproportionné de la force – y compris l’utilisation de balles réelles – par les forces de défense et de sécurité, dans le contexte des manifestations qui ont eu lieu au Tchad cette semaine ». Mardi, six personnes auraient été tuées et plusieurs autres blessées à N’Djamena et à Moundou, la deuxième ville du pays.
L’opposition et la société civile tchadiennes avaient appelé mardi à des manifestations, qui avaient été interdites par les autorités militaires au pouvoir depuis la mort du Président Idriss Déby Itno annoncée le 20 avril dernier. Alors que d’autres manifestations et grèves générales ont été annoncées pour les jours à venir, le HCDH a rappelé aux autorités tchadiennes « ses obligations internationales, notamment celles relatives à la protection et au respect des droits de l’homme, y compris le droit à la vie ».
Placer les droits humains au centre de tous les efforts en cette période délicate
N’Djaména est également invité à « faciliter l’exercice du droit à la liberté de réunion pacifique ». A ce sujet, le HCDH note que le décret imposant une interdiction générale des manifestations sans autorisation préalable peut porter atteinte à l’exercice du droit de réunion pacifique dans ce pays d’Afrique centrale. « Le Conseil militaire de transition a lui-même déclaré le 20 avril qu’il respecterait les obligations du Tchad en matière de traités internationaux », a rappelé Mme Hurtado.
Plus largement, l’ONU veut que les forces de défense et de sécurité reçoivent « des instructions claires leur enjoignant de s’abstenir de recourir à la force contre les manifestants pacifiques. Il s’agit aussi de veiller à ce que « tout incident violent » soit traité dans le respect de l’État de droit et des lois et normes internationales relatives aux droits de l’homme.
Ces instructions doivent être conformes aux Principes de base sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les forces de l’ordre. Ces fondements stipulent notamment que « les armes à feu ne peuvent être utilisées que contre des individus représentant une menace imminente pour la vie ou des blessures graves, et uniquement en dernier recours ».
Le HCDH exhorte donc N’Djaména à mener des enquêtes impartiales, rapides, efficaces et transparentes sur toutes les violations des droits de l’homme qui ont pu être commises – y compris « le recours apparent à une force inutile ou disproportionnée pour disperser les manifestations ». « En cette période délicate pour le pays, nous soulignons l’importance cruciale de placer les droits de l’homme au centre de tous les efforts, et de garantir un processus inclusif et participatif pour tracer la voie vers le retour à un régime civil et à l’ordre constitutionnel », a conclu Mme Hurtado.