Hommes bleus ont vu rouge. Un rapport de l’ONU rendu public début mars et accusant la CMA de complicité avec les terroristes étaient dans tous les esprits, toutes les bouches, tous les journaux. Face au bruit de tout Bamako, il y a eu un grand silence pourtant. La CMA s’esttue. Elle n’a pasrépondu, n’a pas contredit, n’a pas démenti. Deux mois après la publication du rapport de l’ONU, on attend toujours sa réaction. Tout était donc bien vrai dans le rapport.
Ce rapport n’était pas le premier du genre. En 2018 et en 2019, d’autres rapports de ces mêmes experts dénonçaient déjà le rôle de la CMA dans le trafic de drogue qui transite au Mali à destination de l’étranger, mais qui frappe aussi la jeunesse malienne dans certaines villes. « Parmi les réseaux criminels associés à la CMA et impliqués dans les convois de drogue », on trouve, nous dit le rapport, un « commandant régional » …
Qu’a fait depuis la CMA au sujet de ce « commandant régional » ? Va-t-elle continuer à soutenir les terroristes en leur permettant de s’enrichir par ces trafics ? Le rapport du 28 février2020pourrait être l’occasion de faire le ménage et de changer de cap. Une évolution vers plus de respectabilité est souhaitable. Le mensonge donne des fleurs mais pas de fruits. Le virus du terrorisme tue tous les jours. Plus grave encore, il est contagieux et la CMA pourrait en mourir.
Pour sortir plus forte de cette épreuve, la CMA doit assumer et regarder la réalité en face. Soit elle continue dans sa dérive criminelle, soit elle gagne en crédibilité. Les Maliens ne veulent plus de la corruption, des arrangements et des magouilles, ni à Bamako, ni à Kidal.