« Il y a à peine deux semaines, note Le Monde Afrique, les prévisions des experts étaient rien moins qu’effrayantes. L’Afrique allait être rapidement submergée par la pandémie de coronavirus, forcément désastreuse dans un continent pauvre aux systèmes de santé défaillants. Le nombre des contaminations a depuis nettement progressé, du Caire au Cap, mais il reste encore très en deçà des lourds bilans recensés en Europe ou aux États-Unis. Selon un dernier décompte, plus de 12 800 contaminations et environ 700 morts ont été recensées officiellement en Afrique, dans 52 de ses 54 pays, relève le journal. Des chiffres sans commune mesure avec les plus de 871 000 cas et 71 000 décès recensés en Europe.
Mais attention, s’exclame Le Monde Afrique, la marée monte. « Ces quatre derniers jours, on a vu les chiffres doubler », a averti jeudi dernier Michel Yao, chargé des situations d’urgence en Afrique à l’Organisation mondiale de la santé. « Certains pays pourraient très bientôt connaître un pic important », a-t-il ajouté, sans en citer aucun. « Le virus se répand au-delà des grandes villes. Ça veut dire qu’un nouveau front s’est ouvert ». »
Quelle ampleur ?
Alors, « l’épidémie a gagné l’Afrique quelques semaines après l’Europe, constate encore Le Monde Afrique, permettant à ses dirigeants d’adopter des mesures de prévention plus tôt. La plupart des gouvernements ont fermé leurs frontières et sévèrement restreint les déplacements et les contacts publics sur leur territoire. Couvre-feu, état d’urgence, confinement… Toute la gamme a été utilisée. (…) Ces décisions ont-elles toutefois ralenti l’épidémie ? « Il est trop tôt pour le dire », estime l’OMS. » En fait, conclut le journal, « personne n’ose pronostiquer l’ampleur que l’épidémie prendra sur le continent. L’OMS a relevé que 31 pays africains avaient enregistré moins de 100 cas et veut encore croire que « l’endiguement est possible ». Mais la menace persiste. »
Fraternité Matin en Côte d’Ivoire se veut optimiste : « La pandémie passera », lance le quotidien abidjanais. « Même l’Afrique que l’on considère comme la cinquième roue du carrosse tient le coup, affirme le journal. En Côte d’Ivoire, il y a de plus en plus de personnes qui se remettent du Covid-19. Mais nous devons cultiver la discipline, repsecter les mesures édictées par le gouvernement pour venir rapidement à bout de cette maladie. (…) La pandémie passera donc, insiste Fraternité Matin. Mais, s’interroge le journal, saurons-nous en tirer les leçons ? Serons-nous capables de redéfinir nos priorités ? »
Les « quatre Fantastiques »
En tout cas, pour contrer les effets désastreux du coronavirus sur le plan économique, l’Union africaine a nommé quatre experts de haut vol. « Quatre experts mandatés pour mobiliser des fonds internationaux en appui à la riposte sanitaire et économique de l’UA », relève Le Point Afrique. « Il s’agit du banquier Tidjam Thiam, ex-président du Crédit Suisse, de l’économiste nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, de l’ancien ministre des finances du Rwanda, Donald Kaberuka, et du Sud-Africain Trevor Manuel, également ancien ministre des Finances. »
Quatre spécialistes de renom, donc, les « quatre Fantastiques », comme les surnomme le quotidien burkinabé Aujourd’hui. On espère, pointe le journal, « compter sur leurs compétences, leur entregent, leur « africanité », et leurs carnets d’adresse pour rassembler les moyens financiers en vue d’amortir un choc post-Covid-19 qu’on subodore violent. »
Mali : le vote de dimanche maintenu
Enfin, au Mali, le débat se poursuit à propos du second tour des élections législatives, toujours prévu dimanche prochain, malgré le coronavirus. Le quotidien en ligne Malikilé s’insurge : « La décision de maintenir envers et contre tout le second tour des législatives est comme un accroc au discours mobilisateur du chef de l’État. En donnant la priorité aux élections sur la prévention et la lutte contre l’épidémie, le président de la République conforte les sceptiques qui pensent que tout cela est une « histoire de politiciens ». (…) Une fois de plus la parole présidentielle est contradictoire et risque donc d’être peu audible pour des millions de Maliens (…). »
L’Indépendant renchérit : « Ibrahim Boubacar Keïta devrait s’élever à une plus grande humilité en reportant le second tour des législatives à une date ultérieure. Jusqu’à ce que l’effroyable virus soit de moindre dangerosité, selon des critères scientifiques irréfutables. »