Le Gouvernement libyen d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU, a demandé jeudi des explications « urgentes » à Paris au sujet des missiles appartenant à l’armée française découverts dans un QG du maréchal Khalifa Haftar.
Alors que la France a reconnu que des missiles découverts dans une base des forces du maréchal Khalifa Haftar près de Tripoli lui appartenaient, la Libye exige des explications. Le ministre des Affaires étrangères du Gouvernement d’union nationale (GNA), Mohamad Tahar Siala, a écrit jeudi 11 juillet une lettre à son homologue français, Jean-Yves Le Drian. Il lui demande « d’expliquer de manière urgente le mécanisme par lequel les armes françaises découvertes à Gharyan sont parvenues aux forces de Haftar ». « Quand ont-elles été livrées et comment ? », ajoute la missive du gouvernement reconnu par l’ONU.
Mohamad Taha Siala a également souhaité connaître « les quantités d’armes » qu’aurait fournies la France au maréchal Haftar, et « dont l’existence (en Libye) contredit les déclarations du gouvernement français (…) de soutien au GNA, comme seul reconnu internationalement ».
La France a bien admis que ces missiles lui appartenaient, tout en réfutant les avoir fournis au maréchal Haftar. « Les missiles Javelin trouvés à Gharyan appartiennent effectivement aux armées françaises, qui les avaient achetés aux États-Unis », a déclaré mercredi le ministère français des Armées, confirmant d’embarrassantes révélations du New York Times.
Munitions « hors d’usage », selon Paris
Le quotidien américain avait attribué mardi à la France la propriété de quatre de ces missiles américains antichar, découverts par les forces loyales au GNA à Gharyan, ville reprise fin juin au maréchal Haftar à 100 km de Tripoli. L’homme fort de l’Est libyen a lancé le 4 avril une offensive sur la capitale.
« Ces armes étaient destinées à l’autoprotection d’un détachement français déployé à des fins de renseignement en matière de contreterrorisme », a détaillé le ministère des Armées, ainsi forcé de confirmer la présence de forces françaises sur le territoire libyen.
Ces munitions, « endommagées et hors d’usage », étaient « temporairement stockées dans un dépôt en vue de leur destruction » et « n’ont pas été transférées à des forces locales », assure Paris qui se défend de les avoir fournies aux troupes du maréchal Haftar, sans pour autant expliquer comment elles ont fini sur cette base.
La France reconnaît avoir apporté du renseignement au maréchal Haftar dans l’Est et le Sud mais réfute tout soutien militaire dans son offensive contre Tripoli. En 2016, trois militaires avaient péri lors d’une mission de renseignement dans l’Est.