Le 02 juin dernier, Moussa Ag Ismaguel, commandant de bataillon adjoint de la gendarmerie de Ménaka, a été assassiné par deux hommes. Ces derniers l’ont suivi jusqu’aux environs de son domicile avant de l’abattre et de prendre la fuite en moto.
Moussa Ag Ismaguel laisse derrière lui une femme et trois enfants, deux jeunes garçons et une petite fille. Outre ses fonctions, l’adjudant Moussa Ag Ismaguel était également un membre influent du Mouvement pour le Salut de l’Azawad – Daoussak (MSA-D).
Fort d’environ 500 soldats et ayant signé l’Accord d’Alger de juin 2015, le MSA-D, fondé le 1er septembre 2016 est né de la scission du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA), a toujours milité pour l’unité du Mali. Le MSA-D rappelle les anciennes divisions qui existaient entre les Daoussaks et les Chamanamas. Les Daoussaks, fraction majoritairement présente dans la région de Ménaka, reste subordonnés à celle des Chamanamas.
Le MSA-D s’inscrit sans ambiguïté dans la mise en œuvre de l’Accord de Paix et de Réconciliation (APR). C’est dans ce cadre, qu’à compter de 2017, et sous l’impulsion de son secrétaire général Moussa Ag Acharatoumane, le MSA-D prend activement part au coté du Groupe d’Autodéfense Touaregs Imghads et Alliés (GATIA) du général Gamou, à la lutte contre les terroristes de l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) au sud de Ménaka et contre Ansar Eddine (AE) au nord de la ville.
Cet assassinat intervient à la suite d’une série de tensions à Ménaka, et plus largement dans le pays depuis plusieurs mois. La région est de plus en plus occupée par des membres de groupes terroristes.
En effet, le 11 janvier dernier, une explosion a eu lieu au nord de Ménaka, faisant plusieurs blessés. Quelques jours plus tard, ce sont des combattants du groupe terroriste d’Ansar Eddine (AE), groupe fondé par le terroriste Iyad Ag Ghali, exploitant, terrorisant et massacrant les populations maliennes, qui se sont introduits dans la ville pendant plusieurs jours. Le 30 janvier, le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) investit à son tour la ville.
Le 06 février, au sud-ouest de la ville, le MSA-D est touché par des tirs, ne faisant néanmoins aucune victime. Le 11 février, par peur, des enseignants du collège et du lycée de Ménaka décident de fuir. Le mois d’avril est marqué une fois de plus par l’explosion d’une mine sur un véhicule des Forces Armées Maliennes (FAMa). Début avril, c’est le camp de la MINUSMA de Ménaka qui a été la cible de 2 tirs d’obus.
En outre, le 07 avril, Mohamed Ag Kassoum, chef de la fraction de Karsassotane a été abattu par deux hommes à moto. Quatre jours plus tard, c’est un officier du MSA-D du poste d’Infokaritane, Hadama Ag Haynaha qui est assassiné dans son sommeil avec son neveu à Massalati, village situé à 120km au sud ouest de Ménaka. Enfin, le frère du maire de Ménaka, Alhader Ag Mohamed, a été tué par un groupe d’hommes armés dans la nuit du 23 au 24 avril à 70km au Nord-Est de Ménaka.
Depuis janvier, la région de Ménaka est régulièrement touchée par des bombes, tuant civils et soldats. Les membres du MSA-D restent les principales victimes de la recrudescence des violences opérées par les groupes terroristes.
Le sentiment d’insécurité dans la région de Ménaka et au sein du MSA-D ne cesse d’augmenter. Depuis avril 2019, ce sont trois responsables du mouvement qui ont été assassinés par des criminels. Ces derniers ont probablement été mandatés par des individus appartenant au mouvement de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Avec les menaces qui pèsent sur leurs leaders, le MSA-D semble être en perte de notoriété dans la ville ; ceci limitant l’impact du mouvement et sa capacité à assurer la sécurité des ménakois. Les populations sont effrayées et découragées par cette politique d’intimidation contre le MSA-D.
Si le MSA-D, malgré ses efforts, ne semble plus en mesure d’assurer la paix à Ménaka, le sujet de la sécurité reste l’une des problématiques centrales du gouverneur depuis sa prise de fonction en 2016. Les difficultés des derniers mois ne doivent pas faire oublier les progrès accomplis par le gouverneur dans le domaine. Toutefois, la situation ne pourra s’améliorer durablement que si l’Etat malien fournit des moyens humains et matériels nécessaires au gouverneur afin que la sécurité soit rétablie et que la population puisse vivre normalement.