Le procureur du tribunal militaire de Ouagadougou a requis lundi la prison à vie à l’encontre des généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, les deux principaux accusés du procès du putsch manqué de 2015. Il a réclamé la reconnaissance de leur culpabilité pour « trahison » et « meurtres », ainsi que celle d’« attentat à la sûreté de l’État » pour le premier et de « complicité » pour le second.
« Diendéré est l’instigateur principal du coup d’État », a déclaré le procureur du tribunal militaire, lors de son réquisitoire, lundi. « Après l’arrestation des autorités de la transition, il a été la première personne contactée par les éléments qui ont exécuté le coup ».
« Un document portant création du CND (Conseil national pour la démocratie) a été retrouvé sur son ordinateur portable expertisé, sa date est antérieure à la prise d’otages des autorités. Il était bien au courant des actions en cours », a par ailleurs argumenté le procureur.
« Attentat à la sûreté de l’État »
Le 16 septembre 2015, des soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré. Celui-ci avait été chassé le 31 octobre 2014 par une insurrection populaire, après 27 ans au pouvoir. Le coup d’État manqué avait fait 14 morts et 270 blessés. Au total, 84 accusés sont jugés dans ce procès débuté en février 2018.
Lors de ce putsch, le général Diendéré avait pris la tête du Conseil national pour la démocratie, organe dirigeant des putschistes, avant de rendre le pouvoir face à la pression populaire et de l’armée loyaliste.
« Les faits d’attentat à la sûreté de l’État sont constitués à l’encontre de Diendéré et de onze autres personnes, dont les membres du commando qui avaient fait irruption dans la salle du conseil des ministres » pour kidnapper les dirigeants de l’Autorité de transition, a estimé le procureur.
L’infraction de complicité (d’attentat à la sûreté de l’État) a été retenue par le procureur contre Djibrill Bassolé, ancien chef de la diplomatie de Blaise Compaoré, et une soixantaine d’autres personnes pour avoir « aidé à préparer ou faire consommer le coup d’État ».
Les charges de « meurtres et coups et blessures » ont également été retenues contre les deux généraux et une soixantaine de personnes.