L’ex-chef de l’État Omar el-Béchir, renversé en avril par un mouvement de contestation massif, comparaîtra la semaine prochaine devant un tribunal pour corruption et possession illégale de devises étrangères.
Omar el-Béchir, qui n’a plus été vu publiquement depuis sa mise à l’écart, « comparaîtra devant un tribunal la semaine prochaine », a affirmé samedi le procureur général, Al-Walid Sayyed Ahmed, sans indiquer la date précise de l’audience.
Jeudi, l’agence de presse officielle soudanaise SUNA a indiqué que l’ancien président était accusé « de possession de devises étrangères, d’avoir acquis des richesses de façon suspecte et illégale et d’avoir ordonné (l’état) d’urgence ».
Le Procureur général a lui précisé que Omar el-Béchir devrait répondre de « corruption et possession illégale de devises étrangères ».
En avril, le chef du Conseil militaire de transition, Abdel Fattah al-Burhane, a affirmé que l’équivalent de plus de 113 millions de dollars avaient été saisis en liquide dans la résidence de l’ex chef de l’État à Khartoum. Cette somme était constituée de livres soudanaises, ainsi que de 350.000 dollars et sept millions d’euros.
Or, en décrétant l’état d’urgence face à la contestation populaire, l’ex-président avait rendu illégale la possession de l’équivalent de plus de 5.000 dollars en devises.
Cour pénale internationale
Outre l’inculpation pour corruption, Omar el-Béchir fait aussi l’objet de poursuites pour les meurtres de manifestants durant la répression de la contestation née en décembre. Son régime avait tenté de juguler ce mouvement en décrétant l’état d’urgence le 22 février.
Le procureur général a précisé que l’ex-président était aussi interrogé au sujet de suspicions de blanchiment d’argent et de « financement du terrorisme ».
Omar el-Béchir fait aussi l’objet de mandats d’arrêts par la Cour pénale internationale (CPI) qui veut le voir répondre à La Haye de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre pour le conflit au Darfour (ouest). Mais les militaires au pouvoir ont indiqué qu’ils ne comptaient pas le transférer au tribunal international.
Le parquet enquête en outre sur 41 chefs d’accusation visant d’anciens « symboles du régime déchu ».
Le procureur général n’a pas évoqué l’enquête militaire en cours sur la dispersion meurtrière le 3 juin du sit-in organisé par des manifestants devant le siège de l’armée à Khartoum pour réclamer le transfert du pouvoir à des civils.
Éléments « criminels »
Les chefs de la contestation ont attribué la dispersion du sit-in aux redoutées Forces de soutien rapide (RSF).
Mais samedi, le chef des RSF, Mohammed Hamdan Daglo dit « Hemeidti », également numéro 2 du Conseil militaire, a défendu ses troupes lors d’un rassemblement dans un village près de Khartoum. « Notre image a été déformée », a-t-il lancé.
Le Conseil militaire a reconnu pour la première fois jeudi avoir ordonné la dispersion de ce rassemblement, regrettant que « des erreurs se soient produites ».
Le porte-parole du Conseil, le général Chamseddine Kabbachi avait affirmé que le but initial de l’opération était de chasser des éléments « criminels » dans un secteur appelé Colombia, près du sit-in.
Samedi, le porte-parole de la commission d’enquête militaire sur la dispersion du sit-in, Abderrahim Badreddine, a indiqué à la télévision d’Etat que son rapport n’était pas finalisé.
Mais il a révélé des conclusions préliminaires selon lesquelles « des officiers et des soldats sont entrés sur les lieux du sit-in sans l’ordre de leurs supérieurs ». Ils « ne faisaient pas partie des troupes qui devaient mener l’opération à Colombia ».