Le Mali demande une « présence accrue » de Casques bleus dans le centre du pays, où un nouveau massacre interethnique vient de se produire, a déclaré mercredi au Conseil de sécurité son chef de la diplomatie.
« Le gouvernement demande une présence accrue de la (mission de l’ONU) Minusma dans les régions du centre du Mali, aux côtés des forces de défense et de sécurité du Mali, afin de contribuer à protéger les populations civiles et leurs biens, afin de mettre un terme au cycle de la violence pour permettre le retour de l’administration et des services sociaux de base », a dit le ministre malien des Affaires étrangères Tiébilé Dramé.
« Cette présence accrue est la condition du succès du processus politique que nous allons engager dans les prochains jours », a ajouté le ministre lors d’une réunion du Conseil consacrée au Mali.
« Ce renforcement de la présence de la Minusma au Centre ne doit pas se faire au détriment des régions du Nord du Mali car nous ne voulons pas créer un vide sécuritaire dans cette partie de notre pays qui pourrait être occupée à nouveau par les forces hostiles au processus de paix », a aussi mis en garde Tiébilé Dramé. Le renouvellement de la Minusma (environ 15.000 militaires et policiers) arrive à échéance fin juin.
Selon le ministre malien, « la crise du centre du Mali est le prolongement de la crise du nord et une conséquence directe de l’occupation d’une partie de cette région en 2012 et 2013 par les groupes terroristes », qui recrutent notamment dans la population locale.
Au préalable, l’émissaire de l’ONU pour le Mali, le Tchadien Mahamat Saleh Annadif, avait souligné que « le cycle infernal de la violence devait être arrêté » afin d’éviter que « chacun ne se fasse justice par lui-même ». Il est nécessaire d’avoir « une accélération de la maîtrise de l’action sécuritaire » notamment dans le Centre, a-t-il ajouté à l’intention du gouvernement. Une attaque non revendiquée dimanche contre le village dogon de Sobane Da a fait 35 morts, dont 24 enfants.
Les violences intercommunautaires dans le centre du Mali avaient culminé le 23 mars avec le massacre à Ogossagou, près de la frontière burkinabè, de quelque 160 villageois peuls, attribué à des chasseurs dogons. Depuis l’apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs « groupes d’autodéfense ».