Apparu en 2013, le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA) est favorable à l’autonomie des régions du Nord du Mali. D’idéologie islamiste, le HCUA prône l’instauration de la charia dans ce secteur et entretient des liens ambigus avec certains groupes terroristes, dont Ansar Eddine.
Très actif sur le plan politique, il est majoritairement composé de Touaregs Ifoghas et est opposé, sur fond de rivalités ethniques, au GATIA des Touaregs Imghads. Le HCUA opère dans de nombreuses localités des régions Nord du pays et est particulièrement actif dans la région de Kidal.
Le HCUA incarne le mouvement majeur de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Créée en 2014, la CMA est une alliance de groupes rebelles, dits séparatistes, prônant la libération de l’Azawad. Elle rassemble le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), le Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA) et enfin le HCUA.
Pilier à part entière de la CMA, le HCUA semble entretenir des liens étroits avec Ansar Eddine, groupe fondé par le terroriste Iyad Ag Ghali. Orientant et soutenant en particulier les actions des katibat Macina et du Gourma, Ansar Eddine s’affirme par le biais d’actions de propagande et de harcèlement (tirs, mines, …). Depuis plusieurs années, le groupe est à l’origine de nombreuses attaques arbitraires ayant causé la mort d’un grand nombre de civils. Exploitant, terrorisant et massacrant les populations maliennes, Ansar Eddine est l’ennemi à combattre.
Quelle est la nature des liens entre le HCUA et Ansar Eddine ?
Les deux groupes partagent des objectifs communs, tels que la défense des intérêts des Touaregs Ifoghas. Le HCUA souhaite rassembler la communauté Ifoghas sous sa bannière en réintégrant des membres d’Ansar Eddine. Ainsi, des rassemblements réguliers ont lieu entre les deux entités ; c’est la raison pour laquelle le HCUA dénonce le terrorisme sans pour autant le combattre.
Par ailleurs, il semblerait que le HCUA, et plus largement la CMA, ait négocié avec Ansar Eddine afin d’obtenir un calme provisoire dans la ville de Kidal. Cette ville, régulièrement ciblée par des attaques de mines en 2018, n’a plus connu aucun événement de ce type depuis mi janvier 2019 et le début de l’opération Acharouchou. N’est-ce pas un signe clair que le HCUA a conclu un accord avec Ansar Eddine, afin de maintenir le calme dans une ville où il est désormais responsable de la sécurité ? A contrario, comment expliquer que des mines éclatent à Télataï et cessent dès lors que le HCUA prend le contrôle de cette ville ?
Enfin, on se souvient que le HCUA est composé d’anciens membres d’Ansar Eddine tel qu’Alghabass Ag Intallah, chef actuel du HCUA et proche d’Iyad Ag Ghali, fondateur du groupe terroriste.
Comment un groupe comme le HCUA, ayant signé l’Accord d’Alger de juin 2015 – accord de paix et de réconciliation au Mali, peut-il ouvertement entretenir des liens avec Ansar Eddine ? Tandis que les alliances émergent dans le paysage politique du Nord du pays, ce rapprochement constitue une menace de taille pour le peuple malien, lequel souffre chaque jour un peu plus des attentes du HCUA, et subit les atrocités commises par Ansar Eddine. Il semble impératif de combattre le renforcement de groupes armés qui ne respectent ni l’Accord de paix, ni les droits citoyens.