Ahmed Gaïd Salah s’est à nouveau exprimé lors de sa visite à Ouargla, dans la quatrième région militaire. Le général a affirmé vouloir « accélérer la création d’une instance indépendante pour l’organisation des élections », tout en s’inquiétant de « la persistance de la crise ».
Le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP) Ahmed Gaïd Salah s’est à nouveau exprimé depuis Ouargla, dans l’est du pays, comme il l’avait fait le 26 mars dernier, lorsqu’il avait appelé à l’application de l’article 102 de la Constitution. Deux semaines après son dernier discours à Constantine, le général reprend sa tournée dans les régions militaires et réitère son appel à la tenue d’une élection présidentielle – pour l’instant prévue le 4 juillet.
« La tenue de l’élection fera taire tous ceux qui tentent de faire perdurer cette crise. L’étape principale serait d’accélérer la création et l’installation de l’instance indépendante pour la supervision des élections », a-t-il prononcé. Pendant que les critiques contre la tenue d’un scrutin considéré comme trop précipité se multiplient, aussi bien de la part des manifestants que parmi la classe politique, Ahmed Gaïd Salah ne semble pas vouloir renoncer au scrutin.
« Personne n’a le droit de se substituer à la justice »
Selon le chef d’état-major, les élections permettraient d’« éviter de tomber dans le piège du vide constitutionnel et tout ce qui s’en suivra comme dangers et dérapages aux conséquences désastreuses ».
Cette fois, Ahmed Gaïd Salah s’est adressé directement à la rue. « Il est préférable que les marches se caractérisent par un niveau raisonnable et suffisant d’organisation et d’encadrement, pour faire émerger des vrais représentants pour transmettre les revendications légitimes de ces marches, en leur évitant toute forme d’anarchie », a-t-il déclaré, pointant le risque, selon lui, de « tomber dans le piège de l’infiltration par des individus ayant des plans suspects ».
Ces « individus » pourraient utiliser les manifestations comme « une passerelle pour transmettre certaines revendications irrationnelles, telle que l’exigence du départ collectif de tous les cadres de l’État, sous prétexte qu’ils représentent les symboles du système », a-t-il lancé, jugeant cette revendication « dangereuse et malveillante ».
Déjà critiqué
Revenant sur la série de convocations devant les tribunaux militaires de personnalités proches ou réputées proches de l’ancien régime, Ahmed Gaïd Salah s’est félicité que « les têtes de la discorde » soient aujourd’hui en train de « subir la sanction juste et équitable qu’elles méritent ». « Ce sera également le sort de tous ceux qui sont impliqués dans le complot contre l’Armée nationale populaire et l’Algérie », a-t-il prévenu.
Pourtant, les slogans des manifestants continuent à ne pas épargner le chef d’état-major, une nouvelle fois critiqué lors de ce treizième vendredi de contestations et considéré comme partie intégrante du système.
Quelques heures après la tenue du discours, le député Mohcine Belabbas, du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a également critiqué le discours de Gaïd Salah, en l’accusant de « tergiverser dans des postures qui ont déjà fait perdre à la nation beaucoup de temps. » Selon Belabbas, « personne n’entrave la solution constitutionnelle. Elle n’est tout simplement pas une solution, mais un problème. »