La nouvelle Assemblée nationale, dans laquelle ne siègent que des députés des deux partis de la mouvance présidentielle ayant été autorisés à participer aux législatives, a officiellement été installée jeudi à Porto-Novo. Malgré les craintes, aucun incident n’a été observé dans la capitale politique du Bénin, où un important dispositif sécuritaire avait été déployé.
Si les craintes étaient grandes de voir de nouveau éclater des violences comparables à celles qui ont secoué le Bénin les 1er et 2 mai dernier, aucun incident n’a été enregistré à l’occasion de la cérémonie officielle d’installation des députés élus lors des législatives controversées du 28 avril dernier. Mais c’est dans un Palais des gouverneurs sous très haute protection militaire qu’ils ont fait leur entrée, ce jeudi.
Déploiement de forces et magasins fermés
Le gouvernement avait déployé un important dispositif sécuritaire à Cotonou et dans d’autres grandes villes du pays. Depuis plusieurs jours, à Porto-Novo, un détachement des para-commandos avait pris position autour du Palais des gouverneurs, le siège de l’Assemblée, ainsi qu’à plusieurs points stratégiques de la capitale politique. « Par prudence », certains directeurs d’écoles de la ville ont par ailleurs demandé à leurs élèves de rester chez eux, et de nombreux commerces sont restés fermés.
Et au Palais des gouverneurs, les invités étaient triés sur le volet. Pour des « raisons de sécurité, la cérémonie d’installation n’a pas été ouverte à beaucoup de monde », reconnaît un cadre parlementaire, sous couvert d’anonymat. Sur l’absence des représentants des parlements de la sous-région, qui créé la polémique, il a tenu à préciser que « selon la tradition, ils sont conviés à l’investiture du bureau élu de l’Assemblée nationale ».
Sur les 83 députés, 62 avaient fait le déplacement pour les premiers pas de cette Assemblée au sein de laquelle, pour la première fois depuis 1995, aucun parti de l’opposition ne siège. Pour les quatre prochaines années, le pouvoir législatif sera en effet tenu au Bénin par deux partis se réclamant de la mouvance présidentielle, le Bloc républicain (BR, 36 députés) et l’Union progressiste (UP, 47 députés).
« Tourner la page électorale » ?
C’est le doyen d’âge qui a présidé cette séance, Wallis Zoumarou, député du Bloc républicain de Djougou (Nord). Ce dernier a lu la décision portant proclamation des résultats des législatives, ainsi que la liste des recours déposés devant la Cour constitutionnelle à l’encontre d’une dizaine de députés – dont lui-même ainsi que le ministre des Transports, Alassane Séidou, dont le nom figure parmi les favoris pour prendre la succession d’Adrien Houngbédji au perchoir.
Saluant la « clairvoyance » et le « sens des responsabilité » des Béninois devant les « péripéties » du processus électoral – à l’issue duquel seuls 27 % des électeurs se sont déplacés – il a appelé ses collègues à se faire « les vigiles de la démocratie ». « La fonction de député ne s’improvise pas », leur a-t-il lancé, leur enjoignant de se saisir de leurs prérogatives constitutionnelles, « le vote de lois et le contrôle de l’action gouvernementale ».
Dominique Atchawé (UB), élu député pour la première fois, a pour sa part confié sa « fierté » et dit mesurer « l’immensité de la mission ». Georges Bada, député-maire (UP) d’Abomey-Calavi a lui plaidé pour « tourner la page électorale » et « travailler maintenant à la consolidation de la démocratie ».
L’élection du président de l’Assemblée fixée à vendredi
L’élection du président et du bureau de l’Assemblée – deux vice-présidents, deux questeurs et deux secrétaires parlementaires – a été fixée à ce vendredi 17 mai, là où elle s’était tenue le jour-même de l’installation de la précédente législature, en mai 2015. Les résultats n’avaient alors été connus que tard dans la nuit, au terme de tractations houleuses.
Selon Abdoulaye Bio Tchané, ministre en charge du Développement élu député, dont le nom a étré cité comme candidat potentiel au perchoir, les représentants des deux formations politiques devraient se concerter dans la soirée de ce jeudi pour parvenir à consensus sur les candidatures aux différents postes du bureau.
« Les règles simples de la démocratie veulent que le président de l’Assemblée provienne de la liste majoritaire ; il n’est pas raisonnable que le Bloc républicain ait de prétention sur ce poste », a déjà prévenu Gildas Agonkan (UP), suppléant du ministre de la Défense Fortuné Nouatin après avoir lui-même siégé au sein de l’Assemblée précédente.
Autre question qui s’est posé à une partie des députés nouvellement élus ou réélus : l’interdiction du cumul des mandats. Les ministres – ils sont six à avoir été élus – et maires à avoir été élus ont désormais 30 jours pour opérer un choix définitif. Un remaniement devrait donc intervenir sous peu, ce qu’ont confirmé à Jeune Afrique plusieurs sources gouvernementales.