Le communiqué de la nomination de Boubou Cissé en tant que Premier ministre en remplacement de Soumeylou Boubèye Maïga est tombé le lundi 22 avril 2019. Si nombre d’observateurs se disent surpris par le choix du président de la République, il n’en demeure pas moins que le jeunot a des qualités technocratiques qui plaident largement en sa faveur.
Ministre de l’Economie et des Fiances dans le précédent gouvernement, Dr Boubou Cissé succède ainsi à Soumeylou Boubèye Maïga qui a jeté le l’éponge le 18 avril dernier sous la pression de la rue mobilisée par l’opposition et des leaders religieux.
A l’analyse, plusieurs raisons plaident pour Boubou Cissé qui, encore jeune a blanchi sous le harnais. Cet économiste émérite jouit de la confiance des Partenaires techniques et financiers du Mali (PTF) à cause de ses efforts d’assainissement des finances publiques du pays.
Proche du président de la République, il faisait partie des animateurs de la Direction de campagne en 2013 sous la férule d’un certain Abdoulaye Idrissa Maïga. Après la victoire du président, Boubou Cissé a commencé une carrière ministérielle avec le portefeuille de l’Industrie et des Mines, puis des Mines avant de rejoindre l’Hôtel des Finances comme ministre de l’Economie et des Finances.
Reconnu discret, mais efficace et brillant dans son domaine, il aura fort à faire dans un environnement fortement politisé. C’est justement là le bémol de ce technocrate qui devait manier alternativement le bâton et la carotte pour avoir des résultats dans un contexte particulier où groupes armés et terroristes se trouvent au nord et au centre. Sans compter les revendications syndicales, le chantage des leaders religieux alliés à des opposants politiques dans la capitale.
Le manque de coloration politique avérée du nouveau Premier ministre, en dehors d’être proche du président, est comme un couteau à double tranchant. A lui de s’en servir. Cela aurait pesé dans la balance de sa nomination selon une source bien introduite.
Il nous revient également que suite à la démission du Premier ministre et de son gouvernement, IBK avait engagé des rencontres avec les forces politiques de la majorité et de l’opposition pour discuter de la situation sociopolitique du pays ainsi que de la constitution d’un gouvernement de large ouverture.
Au cours de ces échanges, selon le Secrétariat général de la présidence, IBK a insisté auprès de ses interlocuteurs sur «la nécessité de mettre le Mali au dessus de tout et les a exhortés à l’accompagner dans le processus de reconstruction de notre pays». Et, selon toujours la même source, il a constaté auprès de ses interlocuteurs «une grande capacité d’écoute et une grande disponibilité à fédérer leurs énergies pour le développement de notre pays et le bonheur de nos populations».
Le nouveau Premier ministre, Dr Boubou Cissé, est donc chargé de former une nouvelle équipe gouvernementale dans «l’esprit des conclusions de ses consultations avec les forces politiques de la majorité et de l’opposition».
Rappelons que ce technocrate n’est plus un inconnu pour ses compatriotes et les PTF. Au terme de ses études secondaires à Bamako, de 1982-1985, Boubou Cissé s’est envolé pour la République Fédérale d’Allemagne puis les Émirats Arabes Unis pour des études supérieures. Il est ensuite revenu en France, précisément à l’université Clermont Ferrand, où il a passé un DEA en économie du développement.
A 45 ans, le nouveau Premier ministre est également titulaire d’un doctorat en Sciences économiques obtenu l’université d’Aix-Marseille, toujours en France. Il est entré à la Banque mondiale où il a occupé le poste d’économiste principal chargé des opérations de 2005 jusqu’à sa nomination dans le premier gouvernement du président Ibrahim Boubacar Kéita en 2013 comme ministre de l’Industrie et des Mines.
Père de deux enfants, Dr Boubou Cissé aime la lecture et le football. Et il faudra vraiment les qualités d’un footballeur (solidité physique, agilité, vigilance…) pour rester longtemps sur son fauteuil de Premier ministre !