Le général Ibn Auf, qui avait pris la tête du Conseil militaire formé après la destitution d’Omar el-Béchir, a annoncé vendredi 12 avril sa démission et nommé le général Abdel Fattah Abdelrahman Burhan comme successeur.
« J’annonce par la présente ma démission à la tête du Conseil militaire de transition et la nomination de quelqu’un en qui j’ai confiance dans l’expérience et son aptitude à amener ce navire sur un rivage sûr », a déclaré Mohamed Ahmed Ibn Auf, vendredi soir, lors d’une allocution retransmise par la télévision d’État.
Celui qui avait été nommé jeudi à ce poste dans la foulée de la destitution du président Omar el-Béchir a également annoncé que ce serait le général Abdel Fattah Abdelrahman qui lui succéderait.
Le général Ibn Auf a enfin indiqué qu’avant de démissionner il avait limogé son adjoint au Conseil militaire de transition, Kamal Abdelmarouf.
Scènes de liesse
Pour la rue, c’est une deuxième victoire. La démission de Mohamed Ahmed Ibn Auf, numéro deux du régime puisqu’il était vice-président d’Omar el-Béchir et sous sanctions américaines, était ardemment réclamé depuis deux jours. Avec ce slogan : « Nous avons fait tomber le premier, nous ferons tomber le deuxième. »
Les premières images de liesse circulent donc sur les réseaux sociaux. « Le peuple est content, le peuple impose sa volonté », peut-on entendre dans les rues de Khartoum, alors que des milliers de Soudanais étaient toujours rassemblés vendredi soir devant le quartier général de l’armée.
Tout le monde est très optimiste en ce moment et célèbre la bonne nouvelle. C’est un premier pas car nous avions beaucoup d’inquiétudes par rapport à Ibn Auf car il est corrompu. Cela ne changeait rien par rapport à Omar el-Béchir. Ce nouveau chef du Conseil militaire a meilleure réputation, il n’est pas impliqué dans des affaires de corruption donc nous sommes plus optimistes. Mais nous avons besoin d’en savoir plus sur ses projets.
La réaction d’un manifestant à Khartoum
13-04-2019 – Par Léa-Lisa Westerhoff
Une personnalité plus neutre
Le nouveau venu Abdel Fattah Abdelrahman Burhan est beaucoup moins marqué politiquement. Ce n’est pas un pilier du régime. Il ne s’est pas rendu responsable de violations des droits de l’homme au Darfour comme les autres, expliquait à RFI un opposant. Le nouveau chef du Conseil militaire était d’ailleurs venu rencontrer les manifestants vendredi après-midi pour connaître leurs revendications.
Mais tout reste à faire. Il faut entamer des négociations pour un véritable gouvernement de transition civile désormais, indiquait un manifestant joint par téléphone. Á voir donc quelles décisions ce nouveau chef du Conseil militaire de transition va prendre dans les prochaines heures.