Après l’offensive de l’Armée nationale libyenne (ANL) dans la nuit de mercredi à jeudi, réactions et contre-mesures se sont multipliées. Le maréchal Haftar a finalement ordonné à ses troupes « d’avancer et d’entrer » dans Tripoli.
Le maréchal Khalifa Haftar a annoncé jeudi en fin de journée, dans un message audio, que ses troupes feront « trembler la terre sous les pieds des tyrans qui ont commis des actes d’injustice et de corruption croissante dans le pays ». « Le moment est venu de répondre à l’appel de nos frères à Tripoli, ils ont eu trop de patience », a-t-il ajouté. Le maréchal a ainsi ordonné à ses hommes d’avancer vers la capitale libyenne en exigeant la reddition des milices fidèles au chef du gouvernement de Tripoli, Fayez al-Sarraj. Une décision qui était loin de répondre aux appels au calme, qui se sont succédé tout au long d’une journée marquée par une montée des tensions.
Quelques heures plus tôt, en début d’après-midi, l’état-major du Conseil présidentiel du Gouvernement d’entente nationale (GEN) avait diffusé un communiqué assurant être prêt à déployer l’aviation pour « frapper des cibles militaires » et « préserver et protéger les civils et les infrastructures de toute menace » en cas d’attaque. Ni le maréchal Khalifa Haftar ni l’Armée nationale libyenne (ANL) ne sont toutefois explicitement cités. Selon plusieurs sources sur le terrain, les Forces de protection de Tripoli (FPT) – coalition de milices de la capitale – ont été déployées dans le sud de la ville ainsi qu’à Gharyan, localité qui a vu arriver les troupes de l’ANL dans la nuit.
« L’état d’alerte maximale » décrétée
À Tripoli, le ministère de l’Intérieur Fathi Bashagha a déclaré jeudi « l’état d’alerte maximale » et ordonné à toutes ses unités de « faire face avec force et fermeté à toute tentative susceptible de menacer la sécurité de la capitale ».
Après une réunion qui a eu lieu dans la matinée à Misrata, les brigades et les forces armées de la ville ont pris la décision de se mobiliser en soutien au gouvernement d’union nationale pour faire face à l’avancée du maréchal Haftar. Elles ont appelé le chef du gouvernement de Tripoli Fayez al-Sarraj à déclarer la guerre et à procéder à un ordre de mobilisation des forces armées de l’ouest libyen. Ailleurs dans l’Ouest, la situation demeurait plus floue. Plusieurs milices, dont la 7e brigade de Tarhouna, auraient assuré à Haftar leur allégeance fin mars.
Selon le porte-parole de l’ANL, le général Ahmed al-Mesmari, les véhicules de l’ANL sont arrivés dans la ville de Gharyan, à une centaine de kilomètres dans le sud de Tripoli. « Nos hommes ont été accueillis par la population locale », a-t-il assuré sur Twitter. Quelques heures auparavant, le maire de la ville dénonçait la présence d’un « convoi militaire de grande envergure dirigé par le général Haftar (…). Il se dirige vers la ville dans le but d’arriver à Tripoli ».
Mise en garde de l’ONU
Face à la dégradation de la situation, le secrétaire général des Nations unies António Guterres avait mis en garde contre un « risque de confrontation militaire ». Le secrétaire général de l’ONU, arrivé la veille en Libye, avait également appelé à « l’accalmie de la situation, les conditions actuelles ne permettant pas la tenue de la conférence nationale » qui devait être organisée mi-avril et établir une « feuille de route » à même de sortir le pays de la crise.
Interviewé par le quotidien Asharq Al-Awsat, le député libyen à la Chambre de représentants de Tobrouk, Said Imghib, soutenait que « l’avancée des troupes a l’objectif de mettre fin au contrôle de la ville de Tripoli par des milices ». Après avoir pris la ville de Gharyan, les forces de Haftar seraient arrivées jusqu’à la ville d’Al Sabah, au sud-ouest de Tripoli.