Au Mali, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance jihadiste du Sahel liée à al-Qaïda, a revendiqué l’attaque contre des soldats maliens, dans le camp militaire, à Dioura, dans le centre du pays. L’attaque a eu lieu le 17 mars et a fait près de 30 morts.
C’est dans la nuit de vendredi à ce samedi 23 mars que le communiqué nous est parvenu. La revendication emprunte le canal habituel de communication des jihadistes, via l’agence mauritanienne Al-Akhbar. Le GSIM y présente l’attaque comme une opération de représailles aux crimes commis par le gouvernement et ses milices contre les Peuls.
Le mouvement de Iyad Ag Ghali dit également que l’attaque a été exécutée par des hommes du Macina, groupe actif dans le centre duMali, sous le commandement d’Amadou Koufa lui-même, récemment réapparu dans une vidéo alors qu’on avait pensé qu’il avait été tué dans une opération française, au mois de novembre.
Une revendication jugée crédible
Joint par RFI, Boubacar Salif Traoré, directeur du cabinet Afriglob Conseil, spécialiste des questions de Défense et de sécurité, nous explique pourquoi cette revendication est plausible.
« Dès les premières heures de l’attaque, les personnes présentes sur place ont reconnu certains éléments comme étant des éléments de Iyad Ag Ghali. En effet, c’est leur modus operandi, à savoir des attaques très tôt le matin qui ne durent en général pas plus de deux heures et qui, finalement, portent la marque du groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Le fait que Amadou Koufa ait lui-même conduit l’attaque est aussi plausible car c’est, en effet, sa zone d’activité principale. Par ailleurs, n’oublions pas, effectivement, qu’aujourd’hui, pour le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, le défi majeur c’est de rétablir Amadou Koufa dans sa position initiale, c’est-à-dire chef de la Katiba du Macina, sachant bien que s’il s’avérait que Amadou Koufa est mort et que le groupe continue justement à faire croire qu’il est vivant, ce serait très désastreux pour son image dans la zone », estime-t-il.
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans affirme que l’attaque n’a pas été dirigée par Ba Ag Moussa, ancien officier déserteur des forces armées maliennes. Les Forces armées maliennes (FAMA) lui avaient, dans un premier temps, attribué la paternité de cette opération.
Conséquences politiques
Outre le traumatisme pour l’armée malienne, cette attaque a aussi de profondes répercussions politiques. Un deuil national de trois jours a été décrété, vendredi, et le président Ibrahim Boubacar Keïta a sermonné la hiérarchie militaire laissant entendre qu’il y avait eu des négligences à Dioura et qu’il n’en tolèrerait plus.
Les familles sont cependant en colère. Des femmes et des enfants de soldats tués dans différentes attaques ont manifesté, vendredi, à Ségou et Sévaré, dans le centre du pays pour dénoncer le manque de moyens de l’armée. Jeudi, à Nioro, dans l’ouest du pays, c’est le chef d’état-major qui a été conspué.