Le jeudi 21 février 2019, au nord de Tombouctou, la « guillotine Barkhane » tombe brutalement du ciel malien, et s’abat sur un des principaux ennemis de notre nation. La nouvelle se répand rapidement, Yahia Abou El Hammam, chef de l’Emirat de Tombouctou, ses deux adjoints et huit autres de ses combattants ont trouvé la mort lors d’une opération anti-terroriste de nos alliés français.
Libération, vengeance, espoir, inquiétude, autant de sentiments qui font battre les cœurs de notre pays à l’annonce de cet évènement. Bien qu’elle brise l’organisation des groupes terroristes, cette victoire pourrait laisser place à la crainte…
Qui succèdera au bras droit de Iyad Ag Ghali ? Le futur chef de l’Émirat de Tombouctou suivra-t-il les pas de Yahia Abou El Hammam ? Le JNIM frappera-t-il encore par de sanglantes représailles autant pour venger la mort de ses cadres que pour commémorer le second anniversaire de sa création le 1er mars prochain ?
Vendredi 22 février dernier, la ministre des armées, Florence Parly, annonce officiellement la mort de Yahia Abou El Hammam, chef de l’Emirat de Tombouctou, lors d’une opération anti-terroriste de la force Barkhane. Il appartenait à la branche historique d’AQMI au Sahara dans les années 2000. Présenté comme le second d’Iyad Ag Ghali, il était traqué depuis des années.
Sa mort et celle de ses deux adjoints donne un coup d’arrêt significatif à cette organisation terroriste. Sans chef, plus de direction ni de coordination. Les combattants se retrouvent naturellement désemparés. L’Émirat de Tombouctou, longtemps considéré comme le laboratoire du terrorisme au Mali, est maintenant totalement désorganisé… décapité! Pour éviter une guerre de succession entre les chefs de katibat encore vivants, Iyad ag Ghali va devoir vite trancher !
Lors de l’opération Barkhane, Yahia Abou El Hammam était accompagné de ses deux principaux adjoints, Abou Iyad Al Tounsi et Nouh Abou Masrouk. Ils auraient sans nul doute pu palier la disparition de leur chef. A défaut, un autre leader sort de ce qu’il reste des cadres de ce groupe terroriste. Curieusement absent lors de l’attaque, Talha Al Libi se positionne donc comme un successeur potentiel.
D’origine mauritanienne et bérabiche il est connu essentiellement au travers des actions sanglantes qu’il orchestre avec cruauté sur la population soutenant les FAMa et leurs appuis internationaux. Ses accès de violence le rendent souvent imprévisible et détériore gravement son image de chef au sein de la communauté ouasra qui a appuyé son ascension. Talha Al Libi ne faisant pas l’unanimité, Iyad Ag Ghali intronisera certainement un cadre extérieur pour relancer l’organisation de l’Emirat de Tombouctou.
Le coup porté au JNIM laisse présager un avenir incertain voire fatal au groupe terroriste. La mythologie et l’histoire nous ont malheureusement démontré au fil des siècles que lorsque l’on décapite un monstre, il n’est pas rare de voir de nouvelles têtes renaitre. Iyad ag Ghali, esseulé, sans relai local afin d’organiser ses troupes assassines, ne sera-t-il pas tenté de marquer les esprits par une reprise d’actions terroristes.
Nous sommes à quelques jours de la date de création de son groupe qui aura deux ans le 1er mars prochain. Le tragique attentat du 02 mars 2018 devant l’ambassade de France et le QG de l’Etat-major des Armées burkinabè à Ouagadougou nous a prouvé la résilience et la détermination de ces terroristes. Un baroud d’honneur de Talha al Libi, n’ayant plus de chef pour canaliser ses pulsions meurtrières, et une image ternie à redorer rapidement pour Iyad ag Ghali sont donc à craindre.