Les experts du conseil de sécurité de l’ONU, chargés de veiller au respect de l’application de l’APR, demeurent préoccupés par la situation sécuritaire volatile au Mali.
Les sanctions, qui ont été décidées en fin d’année 2018 contre les trois Maliens « contrevenant à l’accord de paix », Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, Mahamadou Ag Rhissa et Ahmoudou Ag Asriw, ont permis de donner un nouvel élan à l’application de l’APR. Toutefois, en l’absence de nouveaux progrès significatifs, l’organisation pourrait bien hausser le ton.
Les récentes mesures radicales édictées par la CMA pour gérer la ville de Kidal ont été qualifiées par Ahmed Boutache, président du CSA en 32ème session, de « violation flagrante de l’accord pour la paix et la réconciliation ». Cette réglementation, qui tend clairement à montrer que Kidal devient un Etat dans l’Etat, a aussi été condamnée par la Minusma. Sous pression, la CMA a dû faire marche arrière et déclarer vouloir échanger avec les autorités afin de répondre aux préoccupations sécuritaires des populations locales.
Pour l’ONU et les instances internationales, cet épisode pourrait bien retentir comme une nouvelle tentative d’entrave ou de ralentissement à l’accord de paix.
Pour mémoire, l’APR est très clair : c’est avant tout aux autorités maliennes qu’il incombe d’assurer la stabilité et la sécurité sur l’ensemble du territoire malien. L’ONU, dans ces circonstances, semble bien montrer sa détermination à identifier et sanctionner ceux qui font obstruction à la mise en œuvre de l’APR.
Les décisions prohibitives de la CMA à Kidal restent toutefois inquiétantes. Elles font directement écho à la situation sensiblement équivalente qui prédomine dans la région de Tombouctou et qui a été sanctionnée fin décembre par l’ONU. Mohamed Ag Mohamedoune a été jugé et sanctionné pour, entre autre, avoir renforcé le rôle du cadi qui juge les délits au détriment des instances juridiques régaliennes maliennes.
La collusion avec les groupes armés terroristes et le système social qu’ils veulent mettre en place est clairement ciblé par l’ONU. A Tombouctou, les collusions ont été les premières à être visées. Les tentatives de mise en œuvre de la charia ne risquent pas de voir le jour tant que l’ONU y veille. Si l’ONU sanctionne, l’APR avance.