Contrairement à sa précédente candidature, qu’il avait déclaré à la veille de l’expiration du délai réglementaire, plusieurs sources ont certifié à Jeune Afrique que l’annonce officielle d’un cinquième mandat de l’actuel chef de l’État algérien, Abdelaziz Bouteflika, est imminente. Sauf imprévu lié à son état de santé.
« Le cinquième mandat est une question tranchée », soutient un membre du bureau politique du Rassemblement national démocratique (RND). Selon lui, les partis de l’Alliance attendent seulement que le président « déclare lui-même sa candidature pour passer à une étape plus active ». La machine pré-électorale est néanmoins déjà en branle.
Ce matin, à l’ouverture du conseil national du RND, son secrétaire général, le Premier ministre Ahmed Ouyahia, a réitéré le soutien de son parti à un cinquième mandat. « En juin, nous avons lancé cet appel, et aujourd’hui nous commençons à entrevoir la lueur de la bougie de cet appel et nous espérons qu’il ne concrétisera ».
À LIRE – Algérie : le congrès du FLN reporté après la présidentielle
Le patron de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Adelmadjid Sidi Said, a lui aussi lancé un appel au nom de plusieurs organisations syndicales et patronales, ce jeudi 31 janvier, en faveur de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika. « Au nom des travailleurs, travailleuses, retraités, directions nationales de l’UGTA, FCE, organisations patronales partenaires de l’UGTA et la famille révolutionnaire de Batna, je déclare Bouteflika notre candidat », a-t-il lancé depuis l’est algérien, où il assistait, en compagnie du président du Forum des chefs d’entreprises (FCE) Ali Haddad, du ministre du Travail Mourad Zemali et du ministre de l’Enseignement supérieur Tahar Hadjar, au congrès constitutif de la Fédération nationale des enseignants universitaires.
Réunion des partis de la majorité le 2 février
Les partis de l’Alliance présidentielle (FLN, TAJ, RND et MPA) comptent quant à eux se réunir, samedi 2 février au siège du Front de libération nationale (FLN), pour élaborer un plan de campagne en coordination avec les autres soutiens du président sortant. Ces formations politiques prévoient, d’après nos sources, l’installation d’une commission électorale nationale qui sera chargée de la mise en place de la logistique de campagne, de l’élaboration d’une stratégie de communication et de la récolte des signatures.
Le FLN tiendra sa première démonstration de force en organisant un grand rassemblement de soutien à la Coupole d’Alger
Cette commission « sera composée des membres des bureaux politiques des partis de l’Alliance présidentielle, et devra exécuter les décisions prises par les directions des quatre partis pour la victoire de notre candidat », a détaillé dans une déclaration publique le président du TAJ, Amar Ghoul. Le même jour, le FLN tiendra sa première démonstration de force dans le cadre de la précampagne électorale, en organisant un grand rassemblement de soutien à la Coupole d’Alger, auquel sont attendus – selon Nadir Boulakroum, directeur de cabinet de Mouad Bouchareb – des anciens SG du parti, à l’instar d’Amar Saadani, Abdelaziz Belkhadem et Djamel Ould Abbès.
« Cela fait plus d’un an que le FLN prépare cette échéance à travers le renouvellement des adhésions de militants, l’élargissement de la base, une meilleure restructuration du parti et l’unification des rangs », affirme pour sa part un autre membre de l’instance de coordination du FLN.
Lettre programme, message à la Nation…
Reste à savoir quelle formule choisira le président sortant pour annoncer sa candidature. Très malade au point de n’avoir pas pu s’adresser au peuple depuis plusieurs années, il déclarera sa candidature à un cinquième mandat par le biais d’une lettre programme adressée aux Algériens, croit savoir le site électronique TSA. Mais cette question n’est pas tranchée . « Elle sera discutée lors de la réunion de ce samedi. La déclaration pourrait effectivement se faire à travers un message à la Nation », a précisé l’ex-ministre Amar Ghoul.
À LIRE – Algérie : quand Saïd Bouteflika rencontre secrètement Abderrazak Makri
Vendredi 18 janvier, Adelaziz Bouteflika a convoqué le corps électoral pour un scrutin présidentiel prévu le 18 avril prochain. L’information a mis fin aux spéculations sur la prolongation du mandat en cours du président de la République. Pour beaucoup d’observateurs politiques, une nouvelle candidature était incertaine en raison de son état de santé. « Même s’il annonce sa candidature, personne ne peut jurer qu’il la maintiendra. Le président est malade, comme tout le monde le sait », assène l’islamiste Abderrazak Makri.
« Si les partisans de Bouteflika le presse de rendre officielle sa candidature, c’est pour ne pas laisser le terrain libre au général Ali Ghediri, qui commence à trop occuper la scène médiatique », nous confie une source au sein du FLN. Le général à la retraite, qui a annoncé sa candidature le lendemain de la convocation du corps électoral, prétend déjà avoir rassembler les 60 000 parrainages requis pour la validation de sa candidature par le Conseil constitutionnel. Celui qui s’est lancé pour défi de réunir 2 millions de signatures ne se pose même pas la question si le jeu électoral sera ouvert ou fermé. « Si le président actuel est candidat, je vais l’affronter. Et si le régime met un autre candidat , je l’affronterai aussi avec force et détermination », a-t-il déclaré ce jeudi.