Après des semaines de mobilisation auprès de leurs militants, les responsables du RHDP s’apprêtent à tenir leur congrès constitutif du parti unifié, le samedi 26 janvier à Abidjan. Des mobilisations tous azimuts, sur fond de précampagne électorale.
Samedi 19 janvier. À Andokoi, un quartier pauvre de la commune populaire de Yopougon (district d’Abidjan), Hamed Bakayoko harangue une foule qui n’a certes pas effectué le déplacement en grand nombre mais qui est attentive à son discours. Car la date choisie est loin d’être anodine : elle intervient à une semaine du congrès constitutif du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), prévu le samedi 26 janvier.
L’enjeu de la future réunion est de taille. Ce samedi, au stade Houphouët-Boigny, le congrès constitutif du parti unifié de la mouvance présidentielle devrait voir plusieurs partis fusionner en un seul, dont le Rassemblement des républicains (RDR du président Alassane Ouattara) et l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI du ministre Albert Toikeusse Mabri). Le RHDP annonce 150 000 personnes au stade, un chiffre qui semble surévalué, le terrain de football ne disposant d’une capacité que de 40 000 places assises environ.
Remplir jusqu’au débordement le célèbre stade portant le nom du « père » de l’indépendance politique de la Côte d’Ivoire est aussi un enjeu pour le camp Ouattara. Jusque-là, seul Laurent Gbagbo – après Félix Houphouët-Boigny – avait réussi à y mobiliser plus de 40 000 personnes, en octobre 2010, en pleine campagne électorale.
Autre enjeu de taille, l’unification même du RHDP, dont la question de la dissolution ou non des partis fondateurs a représenté l’un des principaux points de discorde au sein du futur parti unifié.
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2020 dans le viseur
« Allez leur dire que 2020, c’est déjà calé, c’est déjà bouclé. Ils n’ont qu’à passer après. Peut-être dans vingt-cinq ans », avait ainsi prévenu à Andokoi Hamed Bakayoko, le ministre d’État et ministre de la Défense d’Alassane Ouattara, également député de Séguéla (Nord) et maire d’Abobo (district d’Abidjan).
Dans son adresse aux militants, ce proche du couple présidentiel et filleul de la première dame Dominique Ouattara, s’adressait « à tous ceux qui sont encore dans les ambitions personnelles, qui veulent coûte que coûte devenir président », avait-il préciser, sans les nommer. Une référence au président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro ? Ce dernier, en froid avec le président Alassane Ouattara, a récemment informé le chef de l’État de son intention de quitter ses fonctions.
Encore membre du Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel), Soro ne cache plus son ambition d’aller à l’élection présidentielle de 2020, une position qui ne fait pas l’unanimité dans l’entourage présidentiel. Dans la guerre de positionnement en vue de la succession à Ouattara (qui n’a pas encore définitivement renoncé à se représenter pour un troisième mandat), Bakayoko a un probable adversaire en la personne d’Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre.
Ce dernier a choisi Korhogo, sa ville natale et fief électoral au nord du pays, pour s’exprimer dans le cadre du pré-congrès. Soucieux de ne pas laisser le champ médiatique à Bakayoko – et comme pour répondre au langage familier de ce dernier à Abidjan -, Amadou Gon Coulibaly a usé de l’argot ivoirien pour faire passer son message, le 20 janvier. « Il n’y a rien en 2020. Tchoco tchoco [coûte que coûte, ndlr], ils veulent ho, ils ne veulent pas ho, le RHDP prend le pouvoir d’État en 2020 », a-t-il martelé devant une foule nombreuse, acquise à sa cause.