Depuis le limogeage de Mohamed Mediène, trois autres généraux ont été inculpés et plusieurs officiers supérieurs écartés. Que signifie cette épuration et jusqu’où ira-t-elle ?
Visage émacié, costume anthracite, une dégaine à la Clint Eastwood, toujours propre sur lui, Djamel Kehal Medjdoub a encore fière allure malgré ses 60 ans révolus. Devant le président de la République, derrière lui, à ses côtés, l’œil à l’affût, il ne le quittait pas d’une semelle. Jusqu’à juillet dernier, Medjdoub assurait la Direction de la sécurité et de la protection.
présidentielles (DSPP), un secret service algérien rattaché au Département du renseignement et de la sécurité (DRS). À la tête d’une escouade de quelque 700 gardes du corps, il veillait jour et nuit, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, à la sécurité du chef de l’État.
Mais ça, c’était avant que le ciel lui tombe sur la tête. Limogé d’une manière expéditive, il a d’abord été frappé d’une interdiction de quitter le territoire national, avant d’être jugé à huis clos, ce 2 décembre, pour « infractions aux consignes » et condamné à trois ans de prison par le tribunal militaire de Constantine, sa région natale.
Pourquoi et comment ce général-major à la réputation irréprochable, estimé par Bouteflika au point que celui-ci lui conseilla Paris pour soigner ses problèmes cardiaques, s’est-il retrouvé dans cette situation ? Dans un pays où le culte du secret fait partie de l’ADN du système politique, démêler le vrai du faux équivaut à dénouer un écheveau de laine. C’est encore plus vrai s’agissant d’événements impliquant des responsables de l’armée. Une certitude cependant : cette nouvelle affaire dite Zeralda, après celles du général Hassan et du général Hocine Benhadid, donne aux Algériens le sentiment d’assister à un remake des « procès de Moscou ». « Prenez soin de mes enfants », avait confié Djamel Kehal Medjdoub à son entourage. Savait-il qu’il allait au-devant de sérieux ennuis ? Certainement.