Niger : la tactique du moindre mal

imgLe chef de l’État sortant considère que c’est l’une de ses plus belles réussites : malgré la situation au Mali et en Libye, malgré les agressions de Boko Haram, le Niger est en paix. À quel prix ?

Le chaos libyen au nord-est, le conflit malien au nord-ouest, le monstre Boko Haram au sud… Ce qui saute aux yeux, c’est que le Niger est un îlot de stabilité au milieu d’une vaste zone de guerre et d’anarchie. « Parce que nous avons fait le nécessaire pour mettre les forces de défense et de sécurité en situation de remplir leur mission de protection, explique le président, Mahamadou Issoufou. Nous avons la meilleure armée d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique francophone, la deuxième de la Cedeao. Ce n’est pas un hasard. »

Pourtant, Hama Amadou considère que le bilan du chef de l’État sortant est « un échec total » sur le plan de la sécurité. « Comment peut-on affronter Boko Haram, qui est surarmé et suréquipé, avec une armée mal nourrie et qui ne dispose pas de la formation et de la logistique nécessaires pour mener une guerre asymétrique ? » lançait le 18 septembre, dans un entretien au monde.fr, l’ancien Premier ministre, devenu aujourd’hui l’un des principaux leaders de l’opposition.

En avril 2011, quand l’ancien ingénieur Mahamadou Issoufou arrive aux plus hautes responsabilités, le défi est immense. Il est le premier civil à présider le Niger depuis 1996. Mais, d’entrée de jeu, il montre sa détermination. « Les menaces sont devenues mondiales et nécessitent naturellement des réponses mondiales », martèle-t-il lors de son discours d’investiture. L’effort est porté notamment sur le renforcement des services de renseignements. Le calcul est payant.