Les rebelles sud-soudanais ont mis en garde mardi contre un risque de “retour à la guerre” si le gouvernement met en œuvre son projet de multiplier par trois le nombre d’Etats dans le pays, une mesure qui selon eux sape l’accord de paix signé fin août.
Le président Salva Kiir a signé vendredi un décret devant faire passer de 10 à 28 le nombre d’Etats, ce qui rendrait obsolète le mécanisme de partage du pouvoir consenti dans l’accord de paix visant à mettre fin à la guerre civile qui ravage le pays depuis décembre 2013.
“L’objectif de cette décision unilatérale est d’exacerber les sentiments tribaux des peuples du Soudan du Sud, pour qu’il y ait un retour à la guerre”, a estimé un porte-parole des rebelles, Mabior Garang.
La mise en œuvre de ce décret présidentiel “causerait en réalité l’effondrement” de l’accord de paix, a-t-il prévenu.
Les médiateurs internationaux, dont la Grande-Bretagne, la Norvège et les États-Unis, ont déclaré que ce décret est en “contradiction directe” avec l’accord de paix signé par le gouvernement le 26 août, tandis que l’Union européenne a appelé Juba à “s’abstenir de procéder” à la multiplication des centres de pouvoir dans le pays.
Indépendant depuis juillet 2011 et né sur les décombres de décennies de conflit contre Khartoum, le pays a replongé depuis décembre 2013 dans la guerre civile, marquée par des massacres et des atrocités, qui a fait des dizaines de milliers de morts et chassé quelque 2,2 millions de Sud-Soudanais de leurs foyers.
Le 26 août, un accord de paix a été conclu par Salva Kiir et le chef de la rébellion, son ancien vice-président Riek Machar. Mais les deux camps s’accusent mutuellement de l’avoir violé et les combats continuent dans certaines régions du pays.
Cet accord prévoit un mécanisme complexe de partage du pouvoir aux niveaux national et local entre gouvernement et rebelles, pendant une “période transitoire” de 30 mois, devant s’ouvrir fin novembre, durant laquelle Salva Kiir reste président.